Le Parlement européen a donné son feu vert mercredi à l'entrée en vigueur du tout premier accord "de dialogue politique et de coopération" entre l'UE et Cuba, lors d'une session plénière à Strasbourg.
Un premier accord-cadre. Ce vote favorable des eurodéputés (567 pour, 65 contre, 31 abstentions) était nécessaire pour rendre applicable cet accord-cadre, paraphé en décembre dernier par la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, les ministres des Affaires étrangères des 28 et celui de Cuba. Sur fonds de tensions sur la question des droits de l'Homme sur l'île castriste, Cuba était le seul pays latino-américain à ne pas avoir d'accord de coopération internationale avec l'Union européenne, même si la plupart des pays européens avaient noué des relations bilatérales.
Des négociations "difficiles" et "courageuses". "Nous avons eu le sentiment clair et net d'avoir tourné une page historique", a estimé la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lors du débat qui a précédé le vote du Parlement. Les négociations, qui ont duré deux ans, "ont été difficiles, importantes et courageuses, de notre part et de la part de nos homologues cubains", a souligné Federica Mogherini.
Dans le sillage du rapprochement d'Obama. La normalisation des relations avec Cuba s'est dessinée dans le sillage du rapprochement avec la Havane décidé par l'ancien président américain Barack Obama. Ce dernier avait mis fin en juillet 2015 à 60 ans de gel entre l'île et les États-Unis. Mais son successeur, Donald Trump, a récemment remis en cause certains points de ce rapprochement. Dénonçant le régime "brutal" de La Havane, il a notamment dit vouloir revenir sur une série d'assouplissements de l'embargo américain concédés par l'administration Obama.
Tourner définitivement la page. Il faut montrer que "l'UE, elle, ne change pas de politique", a plaidé Federica Mogherini, affirmant que les Européens restaient déterminés à tourner définitivement la page des mauvaises relations avec Cuba. L'accord politico-commercial validé mardi va prendre la place pour l'UE d'une "position commune" datant de 1996, qui fixait des préalables à une normalisation, notamment en matière de respect des droits de l'homme.
Ce texte avait été abrogé en décembre dernier par les 28, dix jours après la mort de Fidel Castro. L'approbation des eurodéputés mercredi va permettre une mise en application provisoire de l'accord, mais les ratifications de tous les États membres de l'UE seront encore nécessaires pour une application complète et définitive.