C'est la route migratoire la plus meurtrière au monde depuis le début du 21e siècle. Au moins 3.416 migrants ont trouvé la mort en traversant la Méditerranée en 2015, selon un rapport publié mercredi dans le bulletin mensuel de l'Institut national d'études démographiques (Ined).
2011 et 2015, années les plus meurtrières. L'année 2015 est la deuxième la plus létale de la période, derrière 2011, année du printemps arabe où 4.073 personnes avaient trouvé la mort, selon des calculs menés à partir de données de l'Organisation des migrations internationales, des sources policières, ministérielles et des Nations unies. Paradoxalement, le risque de décès encouru par les migrants qui ont tenté la traversée vers l'Europe est à son plus bas en 2015, à 2,7 pour mille, contre des taux de 83,4 pour mille en 2009, estime le démographe Philippe Fargues, directeur de l'institut universitaire Migration Policy Centre, à Florence.
Davantage d'opérations de secours. Son rapport publié par l'Ined explique cette baisse relative du risque par "l'intensification des opérations de recherche et de secours de la marine italienne" et le changement d'itinéraire des demandeurs d'asile. "La route de 250 à 500 km de la Libye à l'Italie a été délaissée au profit de celle de 10 à 20 km entre la Turquie et les îles grecques du Dodécanèse", poursuit le rapport. Dans les cinq dernières années, le nombre et la composition des flux migratoires en Méditerranée ont changé drastiquement. Cantonnées à quelques dizaines de milliers jusqu'en 2013, les entrées sans visa en Europe ont atteint plus de 200.000 en 2014 et enfin près d'un million en 2015 (952.246 entrées enregistrées en Grèce et en Italie).
En Grèce, où les Afghans constituaient en 2011 la première nationalité, les Syriens composent désormais la majorité des arrivées, avec 462.689 ressortissants en 2015.