Présidentielle américaine : pourquoi, comme Elon Musk, une partie de la Silicon Valley se tourne vers Donald Trump

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Grégoire Allain / Crédit photo : RYAN COLLERD / AFP

En dehors d’Elon Musk, plusieurs entrepreneurs ont affiché leur soutien à Donald Trump pour l’élection présidentielle. Ces derniers ne cachent pas leur inquiétude quant aux perspectives de régulation du secteur de la tech si les Démocrates venaient à l’emporter.

Il est sans doute le soutien le plus iconique de Donald Trump dans sa course à la Maison-Blanche. Vêtu d’un t-shirt et d’une veste noirs, casquette "Make America Great Again" de la même couleur, Elon Musk a depuis juillet dernier fait irruption dans la campagne du candidat républicain. Outre plusieurs apparitions lors de meetings, le Sud-africain de naissance a cumulé des dizaines de millions de dollars en dons, bien qu’il n’ait pas toujours soutenu l’homme de 78 ans. 

Il y a quelques années, le patron de SpaceX et Tesla n’avait pas hésité à critiquer l’ex-président, par exemple sur ses prises de position concernant l’écologie (et la sortie de l’Accord de Paris), avant de changer de braquet à l’approche de l’élection. Un choix qui illustre une tendance plus globale au sein de l’industrie de la tech.

La crainte d’une perte d’influence

"La Silicon Valley a toujours été majoritairement Démocrate, tout comme la Californie, avec une culture progressiste", rappelle Aurore Portet, enseignante en politique américaine à Sciences Po Lyon, qui constate qu'"une bascule semble avoir été opérée pendant cette campagne, avec un soutien plus appuyé, de la part de certains entrepreneurs, pour Donald Trump, et contre l'administration Biden et ses velléités". S’ils gardaient les mains relativement libres pendant la période Obama , plusieurs investisseurs ont déploré, au cours du mandat de l’actuel président, un durcissement de la régulation des entreprises tech et digitales.

Au-delà d’entraves à l’innovation et au progrès technique, certains craignent également qu’avec une élection de Kamala Harris , partie intégrante de l’administration actuelle en tant que vice-présidente, des institutions comme la Federal Trade Commission (le gendarme du commerce), présidée par Linda Khan, nommée par Biden , se montre encore plus agressive à l’égard des pratiques anti-compétitives et du monopole exercé par les géants de la Silicon Valley.

Une mentalité pro-business

En plus de Peter Thiel, co-fondateur de PayPal et historiquement pro-Trump, plusieurs figures du secteur ont pris position suite à l’officialisation du soutien d’Elon Musk. Parmi elles, Marc Andreessen (qui avait pourtant annoncé voter pour Hillary Clinton dans son duel avec Donald Trump en 2016) et Ben Horowitz, fondateurs du fonds Andreessen Horowitz, ou encore David Saks, ancien directeur des opérations de PayPal.

 

Ces derniers recherchent un environnement plus propice au business, à l’image d’un Elon Musk qui voit en Donald Trump le candidat le plus à même de lui offrir la marge de manœuvre nécessaire pour mener ses activités, par exemple spatiales. "Avec son côté businessman, Musk cherche à attirer les faveurs de la Maison-Blanche, comme il a pu le faire dans les différents États où Tesla et SpaceX se sont implantées, en influençant les élites locales", affirme Aurore Portet. 

Par plusieurs biais, tels que son revirement au sujet des cryptomonnaies, qu’il souhaite désormais valoriser, ou la nomination de J.D. Vance, ancien investisseur en capital-risque dans la Silicon Valley, comme colistier, Donald Trump a su séduire certaines superpuissances du secteur tech outre-Atlantique. Des soutiens non négligeables pour le camp républicain, alors que les Démocrates restent soutenus par des entreprises comme Google ou Microsoft, et à l’aube d’un scrutin présidentiel qui s’annonce comme l’un, si ce n’est le plus serré de l’histoire.