Minorité ethnique la plus importante de l’électorat des Etats-Unis, les Latino-Américains pourraient peser lourd lors du scrutin de novembre. Historiquement tournés vers les Démocrates, ces derniers apparaissent de plus en plus dispersés depuis le premier mandat de Donald Trump.
Avec 36 millions d’électeurs estimés pour la présidentielle de cette année, soit quatre de plus qu’en 2020, la population hispanique est devenue le deuxième groupe le plus prépondérant dans les urnes américaines, derrière les électeurs blancs. Cette communauté, qui ne cesse de croître depuis plusieurs décennies, a dépassé celle des Afro-Américains, rendant son influence sur le résultat de l’élection du 5 novembre toujours plus importante.
S’il s’oriente historiquement vers les Démocrates, le vote latino s’est révélé plus distendu lors des derniers scrutins. En 2016 et 2020, 65% des Latino-Américains ont voté pour Hillary Clinton et Joe Biden , selon l'Americas Society / Council of the Americas, alors qu’ils étaient 71% à le faire pour Barack Obama en 2012. La proportion pourrait être encore plus basse pour Kamala Harris , nombre de ces électeurs n’étant pas convaincus de sa capacité à gérer certains dossiers économiques, migratoires ou sécuritaires.
Une communauté disparate
"L’attachement des minorités pour les Démocrates a fini par se distendre avec le temps", analyse Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos. "Les grandes batailles pour les droits des Latinos remontent aux années 1970 et cela ne parle pas vraiment aux plus jeunes de cette communauté", poursuit-il.
Au sein de ces minorités, l’orientation politique peut dépendre de plusieurs facteurs allant du pays de naissance, à l'origine en passant par l'État dans lequel ils résident. "Il n’existe pas qu’un vote latino, mais des votes latinos. C’est un mécanisme extrêmement complexe", affirme Ludivine Gilli, directrice de l'Observatoire d’Amérique du Nord. Le vote des latinos d’origine mexicaine est par exemple bien plus tourné vers les Démocrates que ceux d’origine cubaine ou vénézuélienne, notamment du côté de la Floride.
Donald Trump gagne du terrain
Conscients de l’importance de ce bloc d’électeurs, les candidats à la Maison-Blanche n’hésitent pas à multiplier leurs appels du pied. Donald Trump avait, par exemple, été aperçu en septembre dernier dansant sur Juliana, une chanson du groupe de salsa portoricain Dark Latin Groove.
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Le candidat républicain, soutenu notamment par Nicky Jam, considéré comme l’un des pionniers du Reggaeton , ne cesse de grappiller des parts de cet électorat depuis sa première candidature en 2016. "Sa rhétorique est très conservatrice et peut séduire certains jeunes électeurs de ces groupes, où le poids de la religion est important, qui sont plutôt hostiles aux idées progressistes et à des mouvements comme MeToo", indique Mathieu Gallard.
Parmi les cibles privilégiées de l’ex-président, les Hispaniques du Nevada et de l’Arizona, deux Swing States où respectivement un électeur sur cinq et sur trois est latino. S’ils parviennent à entretenir leur dynamique observée entre 2016 et 2020, comme dans le Nevada, où le soutien en faveur de l’ex-président était passé de 29 à 37% (source : Americas Society / Council of the Americas), les Républicains pourraient bien réaliser leur meilleur score au sein de cette communauté depuis deux décennies.