L'ancien président Lula, incarcéré pour corruption, ne pourra pas voter dimanche à l'élection présidentielle au Brésil, le nombre de prisonniers requis pour l'installation d'une urne dans sa prison de Curitiba (sud) n'étant pas atteint. Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), qui recueillait près de 40% des intentions de vote pour le premier tour avant d'être déclaré inéligible par la justice début septembre, purge une peine de 12 ans et un mois de prison pour corruption et blanchiment d'argent.
Le seuil de 20 prisonniers pas atteint. Emprisonné depuis six mois, l'ancien chef de l'État ne pourra pas voter dimanche pour Fernando Haddad, son ex-ministre de l'Education qui l'a remplacé quatre semaines avant le premier tour. Selon le règlement électoral, les prisonniers qui n'ont pas été définitivement condamnés (comme c'est le cas de Lula) peuvent voter, mais il faut qu'ils soient au moins 20 dans ce cas pour que soit installée une urne dans la prison, a indiqué le Tribunal électoral de l'État de Parana, qui a rejeté dans la semaine la demande de l'ancien chef de l'État. Selon le tribunal, de tous les condamnés dans le scandale de corruption Lava Jato (Lavage express) emprisonnés au siège de la police fédérale de Curitiba, l'ex-président est le seul qui ait manifesté son intérêt à voter.
Les avocats de Lula vent debout. Ses avocats ont accusé la justice électorale de refuser à Lula le droit de voter pour des questions de "bureaucratie" et d'avoir rejeté "toutes les alternatives" proposées. "Nous avons demandé qu'il puisse voter à Sao Bernardo do Campo (Sao Paulo), où il vote habituellement, où dans n'importe quel autre endroit à Curitiba, mais ils ont refusé", a dit à l'AFP Luiz Casagrande Pereira, un des avocats de l'ex-chef de l'État.
"Même si le droit de vote est individuel, la viabilité de son exercice pour les prisonniers est nécessairement collective" et il est impossible "d'installer une urne pour chaque prisonnier", a précisé mardi le tribunal dans un communiqué. Les avocats de Lula affirment que d'autres prisonniers se trouvant dans la même situation que l'ex-président ont été autorisés à voter hors de la prison sous surveillance policière. Ils ont indiqué avoir déposé un recours devant le tribunal suprême électoral (TSE) pour que l'ex-président puisse voter au second tour.
Corruption. Figure historique de la gauche brésilienne, Lula, qui avait quitté le pouvoir en 2010 avec un taux record d'approbation (87%) dans un pays émergent en pleine croissance, a été condamné en deuxième instance pour avoir bénéficié d'un appartement à Sao Paulo en contrepartie de sa médiation auprès de la société nationale de pétrole Petrobras. Ses avocats ont déposé un recours devant la Cour suprême pour annuler la condamnation. Mis en cause dans cinq autres affaires, Lula clame son innocence.