A un peu plus de deux mois de l'élection présidentielle américaine, et alors qu'ils n'avaient pas su voir venir la victoire de Donald Trump en 2016, les médias américains ont-ils tiré les leçons de cet épisode ? Melissa Bell, correspondante de la chaîne CNN à Paris, estime que oui, mardi sur Europe 1.
Donald Trump sera-t-il réélu lors de l'élection présidentielle américaine qui, en théorie, devrait se tenir le 3 novembre ? Difficile à prédire pour les médias américains car, comme le souligne la correspondante de CNN à Paris Melissa Bell sur Europe 1 mardi, les sondages aux Etats-Unis sont désormais regardés "avec beaucoup de précaution". Le souvenir de 2016, lorsque tous voyaient Hillary Clinton victorieuse, a "sans doute" fait changer leur "façon de traiter la politique", explique la journaliste.
"Plus de reportages sur le terrain"
"Les grandes leçons de 2016 ont été largement décryptées par les grandes chaines américaines, pour comprendre pourquoi elles avaient eu autant de mal à anticiper la possibilité de cette victoire", assure Melissa Bell au micro d'Europe 1. "Le consensus a été qu'il fallait plus de reportages sur le terrain, et moins se fier aux sondages", regardés "avec beaucoup de précaution, en sachant que les sondeurs peuvent se tromper et qu'une partie de l’électorat peut être plus difficile à entendre qu’une autre", analyse la reporter.
Selon elle, les journalistes américains se sont bien plus déplacés sur le terrain... même si cela dépend des chaînes : "Je pense qu'une des priorités a été de se rendre dans les coins des Etats-Unis où les médias américains avaient moins l'habitude de s'aventurer, d'essayer d'écouter un petit peu plus un électorat qui, visiblement, n'avait pas été entendu par les grands médias avant 2016 à l'aube de l'élection".
Rôle des médias et fact-checking
L'après-2016 a donc été l'occasion, assure la correspondante de CNN, de "changements dans la façon dont nous traitons la politique. Mais aussi d'une certaine remise en cause plus profonde pour les médias" quant à leur rôle "face à cette présidence inédite" qui, selon elle, "essayait de repousser en arrière le fait que la vérité existe, que les faits existent, que les médias ne sont pas tous sérieux". D'après elle, tout cela a poussé les journalistes américains "à se rabattre sur l'essentiel de leur travail", c'est-à-dire "faire beaucoup de fact-checking et démêler ce qui est vrai de ce qui est faux".
Enfin, les médias ont aussi été confrontés à un autre défi, pas encore surmonté : "Quelle distance prendre, et comment réagir face à chaque tweet, qui est néanmoins un aperçu sur la mentalité de l'homme le plus puissant des Etats-Unis, sans tourner en rond et tomber dans le piège des distractions trop faciles ?", s'interroge Melissa Bell. Selon elle, "cette difficulté à se positionner a défini la presse pendant ce mandat si particulier, avec cet autre danger, quand on est pour la vérité, qui est qu'on a l’air d’être contre Donald Trump".