Dans un peu plus d’un an le monde entier découvrira le nom du prochain président américain. "Toute l’année qui va s’écouler est extrêmement risquée", met en garde Nicole Bacharan, politologue et auteure du Monde selon Trump : tweets, insultes, divagations, provocations (éditions Tallandier). "Le pays est très divisé. Le président est absolument prêt à tout. C’est un homme de complots, de mensonges, d’injures et de réseaux sociaux."
En juillet dernier, le président des États-Unis avait entre autres mis en ligne un sondage dans lequel il interrogeait le peuple américain sur sa capacité à protéger le pays face à la menace des démocrates. Adversaires qu’il qualifiait tantôt de "mous", tantôt de "QI faible". "Les manipulations, les rumeurs et les mensonges venus de l’étranger vont jouer un très grand rôle. Le choix informé des citoyens est mis en danger", prévient la spécialiste.
"Je ne sais pas si Donald Trump peut gagner mais les démocrates peuvent perdre"
Pour autant le président sortant semble conserver sa place de favori. "C’est le favori par défaut", nuance Nicole Bacharan. "Quand on regarde les sondages qui le concernent, on constate qu’il n’est pas très bien positionné mais les démocrates apparaissent trop divisés, faibles et aucun ne ressort. Je ne sais pas si Donald Trump peut gagner mais les démocrates peuvent perdre."
En cause notamment, le manque de charisme des adversaires démocrates. "Il n’y a pas pour l’instant de candidat électrique comme Barack Obama le fut en 2008", souligne la politologue, en pointant du doigt l’âge des candidats actuels. Les trois démocrates donnés favoris dans les sondages - Joe Biden, Elizabeth Warren et Bernie Sanders - ont entre 70 et 78 ans. "Le plus jeune, Pete Buttigieg (37 ans), est très particulier", estime Nicole Bacharan. "Il est très diplômé, ancien vétéran, gay et marié."
Le principal atout de Donald Trump : son bilan économique
Pour espérer gagner, Donald Trump peut aussi compter sur un bilan économique très positif. "La plupart des chiffres sont excellents", relève la politologue. Durant les trois années de mandat du président américain, la croissance s’est maintenue, le chômage a baissé et l’administration se targue d’avoir fait remonter le revenu médian des ménages. "Mais ce n’est pas le genre de campagne de Donald Trump de s’appuyer sur ce bilan : il aime être dans l’insurrection, la provocation et se présenter comme l’homme de l’extérieur… ce qui est difficile quand on est président depuis plusieurs années."
Seule ombre au tableau pour le président sortant : la procédure de destitution qui le menace et monte en puissance. Le 24 septembre, les démocrates ont engagé une enquête à la Chambre des représentants, où ils sont majoritaires. Depuis, ils ont interrogé une dizaine de témoins qui ont confirmé les efforts déployés par des proches du président pour forcer l’Ukraine à fournir des informations compromettantes sur Joe Biden.
"La procédure de destitution qui vise Donald Trump peut plutôt l’aider a priori", juge cependant Nicole Bacharan. "La décision finale étant prise par le Sénat où pour l’instant Donald Trump est fermement soutenu par le parti républicain, il est probable qu’il ne soit pas destitué. Auquel cas il clamera victoire, se dira blanchi et sera galvanisé."