L'universitaire Gudni Johannesson a revendiqué dans la nuit de samedi à dimanche la victoire à l'élection présidentielle de l'Islande, cet homme de consensus arrivant en tête après un scrutin quelque peu éclipsé par l'attente d'un match de football historique.
Un candidat sans étiquette. "Tous les suffrages n'ont pas été comptés, mais je pense que nous avons gagné", a déclaré à son QG de campagne ce candidat sans étiquette, qui fête ses 48 ans dimanche. La fonction de président en Islande est par tradition surtout protocolaire. Des élections législatives, plus importantes, sont prévues à l'automne. D'après la chaîne de télévision publique RUV, après dépouillement de 53% des votes, Gudni Johannesson était en tête avec 37,7%. Il devançait Halla Tomasdottir, femme d'affaires et également sans étiquette, qui obtenait 29,9% des voix.
Climat de défiance. Parmi les neuf candidats qui briguaient la succession d'Olafur Ragnar Grimsson, 73 ans dont 20 comme chef de l'État, l'historien a toujours été largement en tête des sondages, dès l'annonce de sa candidature. Mais son résultat est moins bon qu'attendu. Les électeurs ont apprécié la sobriété et l'indépendance de ces deux néophytes, dans un pays en quête de renouvellement de sa classe politique. Les partis traditionnels suscitent une forte défiance depuis la crise engendrée début avril par les Panama Papers, qui ont révélé qu'un nombre impressionnant d'Islandais avaient détenu des avoirs dans les paradis fiscaux. Hostile à une adhésion de l'île à l'Union européenne, Gudni Johannesson était aussi en phase avec l'euroscepticisme de la majorité des Islandais.
Fan de football. Enfin, Gudni Johannesson avait pour lui d'être un sincère passionné de football. Et ce n'est pas une mince affaire ces jours-ci: qualifiée pour la première fois pour un grand tournoi international, l'Islande réalise un superbe parcours à l'Euro-2016, et se prépare fiévreusement à un huitième de finale contre l'Angleterre lundi. Quand on lui a demandé, alors qu'il votait, ce qu'il ferait une fois élu, il a répondu: "La première chose, le plus important, c'est de me rendre en France lundi pour voir l'Islande jouer contre l'Angleterre".