Comme prévu, Vladimir Poutine reste le maître du Kremlin. Le dirigeant de 65 ans a été réélu dimanche président de la Fédération de Russie à une écrasante majorité des voix. Vladimir Poutine récolte 76,67% des suffrages, son meilleur score à une élection présidentielle, dans un scrutin marqué par le signalement de nombreuses irrégularités.
Les trois informations à retenir :
- Vladimir Poutine a été réélu président 76,67% des voix
- La participation s'est élevée à 67,4%.
- Plus de 2.800 irrégularités ont été relevées par les observateurs
Poutine très loin devant
Le président Vladimir Poutine a été triomphalement réélu dimanche à la tête de la Russie avec 76,67% des voix, selon les chiffres de la Commission électorale centrale. En deuxième position, le candidat du Parti communiste Pavel Groudinine a obtenu 13,4%, devant l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski (6,3%) et la journaliste proche de l'opposition libérale Ksénia Sobtchak (1,4%) au terme d'une élection sans suspense, qui verra le président russe rester au pouvoir jusqu'en 2024.
"Nous sommes voués au succès !" "J'y vois la confiance et l'espoir de notre peuple, nous allons travailler tout aussi dur, d'une manière tout autant responsable et efficace", a déclaré dimanche soir devant ses partisans réunis à deux pas du Kremlin, à Moscou. "J'y vois la reconnaissance du fait que beaucoup de choses ont été faites dans des conditions très difficiles", a-t-il ajouté. "Nous allons penser à l'avenir de notre grande patrie et de nos enfants. Nous sommes voués au succès !", a assuré le président russe. "Il est très important que nous gardions cette unité, cette unité est nécessaire pour avancer", a-t-il appelé.
Vladimir Poutine, 65 ans, va donc entamer un quatrième mandat présidentiel, le second consécutif. Président par intérim de 1999 en 2000, le leader du parti Russie Unie a été élu pour la première fois en 2000. Réélu confortablement en 2004, l'ex-espion du KGB avait dû céder sa place en 2008 à son Premier ministre Dimitri Medvedev pour se plier à la Constitution russe. Pendant quatre ans, les deux hommes échangent leur poste, Poutine prenant la tête du gouvernement. Il retrouve son siège au Kremlin en 2012 malgré de vives contestations, pour une période élargie de six ans cette fois. A la fin de son quatrième mandat, Vladimir Poutine aura dirigé la Russie pendant près d'un quart de siècle.
Quelle participation ?
C'était la grande interrogation du scrutin : quelle sera la légitimité de Vladimir Poutine au-delà de son score. Le taux de participation était de presque 60%, trois heures avant la fermeture des bureaux de vote, selon la Commission électorale centrale (CEC). Elle s'est finalement élevée à 67,4% à la fin de la journée.
Plus de 107 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes à partir de 8h à travers le plus grand pays du monde, où le vote a débuté dès samedi soir et dans la nuit en Sibérie et en Extrême-Orient compte tenu du décalage horaire (la Russie couvre 11 fuseaux horaires).
Des milliers d'irrégularités signalées
Électeurs transportés par autocars entiers par la police, observateurs menacés, bourrages d'urnes : l'opposition russe et des ONG ont dénoncé des milliers d'irrégularités, visant surtout à augmenter la participation pour un scrutin sans suspense. L'ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections et qui dresse une carte des fraudes sur son site Internet, faisait état dans l'après-midi de plus de 2.800 cas d'irrégularités tels que du bourrage d'urnes, des cas de votes multiples ou des entraves au travail des observateurs.
Participation contrôlée. Le mouvement du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui affirme avoir dépêché plus de 33.000 observateurs dans les bureaux de vote, a rapporté également des centaines de cas de fraudes (voir vidéos ci-dessous), surtout à Moscou et sa région, à Saint-Pétersbourg et en Bachkirie dans l'Oural. Golos s'est inquiétée notamment d'informations faisant état de contraintes exercées par des employeurs ou universités forçant employés et étudiants à voter non pas à leur lieu de domicile mais sur leur lieu de travail ou d'étude, "où l'on peut contrôler leur participation au scrutin".
Московская область, г. Люберцы, УИК 1479. Член избирательной комиссии берет со стола бюллетени и бросает в урну. Через минуту берет еще и повторяет. Далее к ней присоединяется другой член комиссии, они начинают забрасывать в урну бюллетени. Молодцы, решают судьбу России... pic.twitter.com/wtNvQJhRSY
— Press Focus (@Press_Focusnik) 18 mars 2018
Чечня. село Илсхан-Юрт, УИК 137. Мужик в белой кепке, без проблем закидывает бюллетени. Потом он вспомнил, что забыл еще одну закинуть, подошел и вбросил... pic.twitter.com/YODbPprxVM
— Press Focus (@Press_Focusnik) 18 mars 2018
La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a pourtant estimé qu'"il n'y a pas eu tant d'irrégularités que ça". De son côté, l'équipe de campagne de Vladimir Poutine n'a fait état que de 200 irrégularités. Cité par l'agence de presse Ria Novosti, un porte-parole de son équipe de campagne, Andreï Kondrachov, a ajouté "qu'il y a des provocations (…) destinées à discréditer le scrutin".
Même Depardieu a voté
Détenteur de la nationalité russe depuis 2013, l'acteur français Gérard Depardieu a voté pour l'élection présidentielle dans le bureau dédié de Paris dimanche matin. Comme tout autre citoyen russe, Gérard Depardieu s'est rendu dans le bureau de vote de l'ambassade de Russie pour glisser son bulletin dans l'urne. Il avait refusé de voter lors de l'élection présidentielle française de 2017.
Gérard Depardieu vient faire son devoir de citoyen russe... et voter pour la présidentielle à l'ambassade #RussiaElections2018pic.twitter.com/XG5FlgbESx
— Lucas Léger (@lucas_rtfrance) 18 mars 2018