Deux candidats "anti-système", dont un en prison, ont affirmé dimanche soir être qualifiés pour le second tour de la présidentielle en Tunisie, des résultats non confirmés officiellement. L'homme d'affaires emprisonné Nabil Karoui et l'universitaire indépendant Kais Saied, deux nouveaux venus sur la scène politique, ont revendiqué leur qualification sur la foi de deux sondages d'instituts privés tunisiens.
Saied en tête avec 19% des voix, Karoui deuxième avec 15%
Mais le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, dont le candidat Abdelfattah Mourou est donné troisième par ces sondages, a souligné que "seule l'Instance des élections donne les résultats". "Nos propres résultats diffèrent, mais nous allons attendre d'en être sûrs", a déclaré à la presse le député d'Ennahdha Samir Dilou. Les résultats officiels seront annoncés mardi au plus tard par l'Instance chargée des élections (Isie).
Selon les instituts Sigma Conseil et Emrhod, Kais Saied est arrivé en tête avec environ 19% des voix devant Nabil Karoui, crédité de quelque 15% des suffrages. Abedlfattah Mourou est donné troisième avec 11 à 12,5% des voix. S'ils se confirment, ces résultats seraient un véritable coup de tonnerre qui balaye la classe politique tunisienne au pouvoir depuis la révolution de 2011, et ouvre une période d'immense incertitude dans le pays pionnier du printemps arabe.
"Robocop" contre un homme en prison
L'universitaire indépendant Kais Saied, 61 ans, surnommé "Robocop" en raison de sa diction rigide et de son visage impassible, s'est dit conscient d'avoir "une grande responsabilité". "Je suis le premier du premier tour , et si je suis élu président j'appliquerai mon programme", a-t-il déclaré, dans un petit appartement du centre de Tunis, entouré d'une quinzaine de personnes de sa campagne.
De son côté, Nabil Karoui, 56 ans, est derrière les barreaux depuis le 23 août, sous le coup d'une enquête pour blanchiment et fraude fiscale. Si sa qualification au second tour se confirme, il s'agira d'une situation sans précédent dans le monde.
Sept millions de Tunisiens étaient appelés aux urnes pour le premier tour de ce scrutin, la deuxième élection présidentielle libre depuis la révolution de 2011. La participation a été de 45,2 %, a indiqué l'Isie, l'instance d'organisation des élections, qui a qualifié ce taux d'"acceptable".