Demi mea culpa américain. "Nous ne ciblons pas les communications de François Hollande, nous ne le faisons pas et nous ne le ferons pas". Par ces mots, Ned Price, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain s'est résolu à un demi mea culpa après que les Etats-Unis ont été épinglés conjointement par Wikileaks, Mediapart et Libération mardi soir et mercredi pour avoir écouté les conversations des trois derniers présidents français entre 2006 et 2012. En réprouvant l'usage de ces pratiques au présent et au futur, il élude l'attitude passée de la NSA, autorisée depuis 2010 par une cour secrète à espionner 193 gouvernements étrangers.
Le diable, le détail. Dans son “démenti“, la Maison blanche dit-elle ne pas avoir écouté Hollande? Elle ne parle qu'au présent et au futur.
— Fabrice Arfi (@fabricearfi) 24 Juin 2015
Des précédents chez plusieurs autres alliés des Etats-Unis. L'affaire des écoutes présidentielles françaises est un coup de tonnerre dans les relations diplomatiques entre les deux pays alliés, mais pas forcément une grande surprise. Et pour cause, en 2013 déjà, Edward Snowden, le lanceur d'alerte à l'origine du scandale mondial des écoutes, avait révélé que des millions d'appels téléphoniques avaient été siphonnés par la NSA. Dans la foulée, la présidente brésilienne Dilma Roussef et la chancelière allemande Angela Merkel avait toutes deux découvert qu'elles avaient été mises sur écoute par l'agence américaine.
"On s'adapte à ces pratiques". Sur Mediapart, l'ancien conseiller diplomatique de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy lorsqu'ils étaient à l'Elysée a déclaré ne pas avoir été surpris par cette nouvelle : "Quand j'ai été ambassadeur à l'ONU, puis à Washington, puis dans mes fonctions à l'Élysée, aussi bien auprès de Jacques Chirac que de Nicolas Sarkozy, je suis toujours parti du principe que j'étais écouté. Cela va avec la fonction... Une fois qu'on a intégré cela, on s'adapte à ces pratiques", a affirmé le diplomate. Les présidents français ont d'ailleurs à leur disposition des téléphones cryptés, mais qu'ils n'utilisent pas toujours pour leurs conversations personnelles.
Une réforme de la NSA mesurée. Suite aux scandales qui ont éclaboussé son agence aux grandes oreilles, Barack Obama a entrepris une réforme de la surveillance téléphonique, aujourd'hui freinée par l'opposition républicaine au Sénat mais finalement adoptée au Congrès. Une réforme qui n'a pas empêché le président américain d'affirmer mardi matin : "Nos agences continueront de s'intéresser à ce que font les gouvernements à travers le monde." Pas sûr que tout ait vraiment radicalement changé.