Son témoignage a provoqué une nouvelle onde de choc à Washington. L'ancien directeur du FBI, James Comey, a confirmé dans une déclaration écrite au Congrès, publiée mercredi, que Donald Trump lui avait demandé d'abandonner l'enquête sur son conseiller à la sécurité, Michael Flynn. Pour Laurence Nardon, chercheuse et responsable du programme Amérique du Nord de l'Ifri, ce nouvel épisode "est un grand moment dans ce feuilleton judiciaire, d'une importance capitale pour l'administration Trump."
Trump était "trop sûr de lui". Interrogée sur Europe 1 jeudi midi, la spécialiste des Etats-Unis estime que le président américain a certainement voulu gérer cette affaire comme il a toujours géré son business. "Donald Trump a été habitué à gérer des entreprises dans lesquelles il n'y a pas de séparation des pouvoirs très claire, qui n'obéissent pas à une Constitution stricte. Il a certainement péché par ignorance et par le fait qu'il était trop sûr de lui", explique Laurence Nardon.
Un "coup de pression". Volontaire ou pas, conscient ou non, ce "coup de pression" peut constituer "un chef d'accusation juridique", indique l'experte. Racontant une rencontre du 14 février dans le Bureau ovale, James Comey écrit dans sa déclaration que Donald Trump lui a parlé de l'enquête sur Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale, et déclaré : "J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien."
L'ancien chef du FBI doit confirmer ces informations lors d'une audition publique jeudi.
Les conditions réunies pour une destitution ? Plus que jamais, la menace d'une procédure de destitution plane au-dessus de la tête du président Trump. "Aux Etats-Unis, il y a une culture très procédurière. Et je crois que là, une machine est en route et elle ne va pas s’arrêter si facilement. Il y a un certain nombre d’enquêtes en cours : celle de la commission du Congrès, et une autre, indépendante, menée par un procureur spécial nommé par le département de la Justice. Si ces différentes enquêtes réunissent suffisamment de preuves, suffisamment d’éléments juridiques solides, on peut avoir la mise en route d’une procédure de destitution", précise Laurence Nardon. Pour autant, il ne faut pas s'attendre à voir Donald Trump démis de ses fonctions dans les semaines ou les mois à venir. "Cela pourrait prendre au moins deux ou trois ans", tempère Laurence Nardon.