Donald Trump est-il réellement menacé ? Alors que les débats de fond du procès en destitution du 45e président des États-Unis, mis en accusation pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès, doivent commencer mardi, le milliardaire continue de se poser en victime d'une "mascarade" organisée par les démocrates. Invité samedi d'Europe 1, le spécialiste des États-Unis Jean-Eric Branaa rappelle que les sénateurs républicains, majoritaires à la chambre haute, font bloc autour de leur leader.
En assurant qu'il ne risque rien de cette procédure de destitution, Donald Trump "commence par la fin du match", estime Jean-Eric Branaa, selon qui "on ne sait pas ce qui peut se passer". Selon le chercheur, le président américain se montre confiant non pas en raison de la majorité républicaine au Sénat, mais parce que cette majorité "le suit quoi qu'il fasse". Cette fidélité, qui constitue une nouveauté par rapport au début du mandat de Trump, s'explique notamment car "l'électorat républicain est foncièrement derrière Donald Trump, à plus de 90%", analyse Jean-Eric Branaa. Or, ajoute-t-il, "quand on est sénateur républicain, on ne peut pas ignorer l'électorat qui vous dit à plus de 90% qu'il est derrière le président".
"Trump veut montrer que les démocrates le poursuivent depuis le premier jour"
Pour Jean-Eric Branaa, chaque camp estime pouvoir profiter de ce procès en destitution. "Les démocrates pensent qu'en mettant la pression sur Trump, en le marquant du sceau de l'impeachment, ils jettent l'opprobre sur le président et que beaucoup de gens retiendront leur vote" lors des prochaines présidentielles, tandis que du côté du président américain, "il s'agit de montrer que les démocrates le poursuivent depuis le premier jour". "Il peut parler de chasse aux sorcières", conclut Jean-Eric Branaa.
Alors que la campagne pour les prochaines présidentielles bat déjà son plein dans le camp démocrate, cette procédure pourrait cependant changer la donne des primaires démocrates, quatre sénateurs candidats, parmi lesquels Bernie Sanders et Elizabeth Warren, n'étant plus autorisés à faire campagne, à part le dimanche. "Ça change complètement l'issue de ses primaires", note Jean-Eric Branaa, Bernie Sanders demeurant "au coude-à-coude avec Joe Biden dans les sondages", ainsi que pour Elizabeth Warren "qui était en vraie descente et qui espérait une remontée sur la fin".