A quoi aurait pu ressembler une ville peuplée de 5,5 millions de Chinois en Irlande du Nord ? Selon des archives dévoilées vendredi, des officiels britanniques ont un temps discuté de reloger tous les Hong-Kongais sur l'île alors que s'approchait la perspective de rendre la colonie britannique à Pékin. Que l'on se rassure, selon le journal britannique The Guardian, "il s'agissait davantage d'une blague politicienne que d'un véritable plan".
Le tout sur fond de conflit nord-irlandais. Tout part d'un fonctionnaire nord-irlandais, George Fergusson. En 1983, il engage des discussions avec l'antenne locale du ministère des Affaires étrangères. Selon The Guardian, "cette correspondance reflète en privé une exaspération de ceux proches du pouvoir et leur a donné une diversion distrayante de questions beaucoup plus sérieuses". Car à la même époque, l'île est minée par les violences du conflit irlandais, qui bat alors son plein. Le fonctionnaire écrit à Londres : "Si la colonie était entreprise, cela aurait des avantages certains, comme celui de rassurer l'opinion unioniste ", favorable à l'attachement de l'Irlande du Nord au Royaume-Uni. Selon le fonctionnaire, accueillir des millions de Chinois assurerait les pro-Londres de l'ouverture d'esprit de la Grande-Bretagne.
L'imagination de George Fergusson va loin. Il voit même dans l'arrivée des Hong-Kongais une solution au conflit irlandais : "L'arrivée d'une nouvelle 'troisième' identité [à côté des protestants et des catholiques, ndlr.] (…) simplifierait le problème de reconnaître les deux autres identités". Un employé du ministère lui répond, non sans sarcasme : "Vous avez soulevé des questions intéressantes que nous allons prendre en considération".
Les Hong-Kongais n'ont (bien sûr) finalement jamais été massivement déplacés vers l'Irlande du Nord. L'enclave chinoise a finalement été rétrocédée à Pékin en 1997, suscitant l'exaspération d'une partie de la population face au manque de démocratie du régime communiste, qui chapeaute aujourd'hui la région.