Julia Assange a enregistré une victoire majeure vendredi, avec la décision du parquet suédois d'abandonner ses poursuites pour viol contre lui. Cette décision ouvre la voie à son éventuelle sortie de l'ambassade d'Équateur à Londres, où il a trouvé refuge il y a bientôt cinq ans. Pourtant, le futur du fondateur de WikiLeaks est encore loin d'être certain. Voici les cinq scénarios possibles.
- Assange sort de l'ambassade et va en prison
Après cette longue réclusion dans des conditions spartiates à l'ambassade d'Equateur, Julian Assange est certainement impatient de retrouver l'air libre. L'ennui, c'est qu'il serait aussitôt arrêté par la police britannique pour avoir violé, en 2012, les conditions de sa liberté sous caution. Vu qu'il a déjà enfreint son contrôle judiciaire, il risquerait d'être placé en détention provisoire. "La police londonienne fournira des moyens proportionnés à ce délit", a déclaré Scotland Yard. Julian Assange serait ensuite présenté devant un juge de Westminster. Il encourrait une peine allant d'une simple amende à jusqu'à un an d'emprisonnement.
- Assange est extradé vers les États-Unis
Face aux accusations de viol, Julian Assange a toujours dénoncé une manœuvre en vue de le faire extrader vers les Etats-Unis, où il risque d'être poursuivi pour la diffusion de documents militaires et diplomatiques confidentiels. Le camp Assange craint qu'il ne soit traité aux Etats-Unis comme l'informatrice de WikiLeaks Chelsea Manning, condamnée en cour martiale à 35 ans de réclusion avant de voir sa peine commuée par l'ancien président Barack Obama et libérée mercredi.
De fait, le gouvernement Trump a affirmé en avril que l'arrestation de Julian Assange était une "priorité". Et selon des médias citant des responsables américains, les Etats-Unis sont en train de monter un dossier d'accusation. Sur son compte Twitter, WikiLeaks a pris acte de cette mise en garde. "La Grande-Bretagne annonce qu'elle arrêtera Assange quoi qu'il arrive et refuse de confirmer ou de démentir qu'elle a déjà reçu une demande d'extradition des Etats-Unis". Ce que le parquet a confirmé.
UK states it will arrest Assange regardless & refuses to confirm or deny whether it has already received an extradition request from the US.
— WikiLeaks (@wikileaks) 19 mai 2017
- Assange est extradé vers la... Suède
Cette possibilité, surprenante à première vue, est notamment évoquée par le commentateur judiciaire David Allen Green. "Si Assange était détenu au Royaume-Uni, la Suède pourrait bien revoir sa décision puisque l'extradition deviendra d'un coup beaucoup plus facile", écrit-il sur Twitter. L'argument repose sur le fait que le parquet suédois a classé l'affaire uniquement parce qu'elle s'avérait trop compliquée et dispendieuse.
Si le fondateur de WikiLeaks sortait de la protection que lui offre l'asile politique à l'ambassade d'Equateur, il serait beaucoup plus facile pour la justice suédoise de le récupérer. La procureure Marianne Ny a confirmé que l'enquête pourrait être rouverte si Julian Assange se rendait en Suède avant la prescription des faits en 2020.
- Assange reste cloîtré à l'ambassade
Face à ces différentes menaces et aux nombreuses incertitudes juridiques, l'Australien pourrait en fin de compte décider qu'il est plus prudent de rester à l'ambassade d'Equateur. Il fêterait le 19 juin ses cinq ans de réclusion dans cet immeuble de briques rouges situé dans le quartier chic de Knightsbridge, en face du magasin de luxe Harrods. Il a un chat pour seule compagnie. Son appartement est petit. Un four à micro-ondes, un tapis de course et une lampe à UV améliorent l'ordinaire, mais ceux qui lui ont rendu visite décrivent des conditions éprouvantes.
- Assange trouve refuge en Équateur
Comme l'un de ses "successeurs", l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, qui s'est installé en Russie, Julian Assange pourrait trouver refuge dans un pays tiers. Guillaume Long, le ministre équatorien des Affaires étrangères a appelé sur Twitter le Royaume-Uni à lui accorder "un sauf conduit", sans préciser où il pourrait se rendre.
Juan Franco, l'un des nombreux représentants légaux de Julian Assange à travers le monde, a quant à lui appelé le nouveau président français Emmanuel Macron à accueillir l'ex-hacker australien. Quoiqu'il en soit, il faut d'abord que Julian Assange en ait fini avec la justice britannique.