Qui était Winnie Mandela, figure controversée de l’anti-apartheid ?

Figure emblématique du combat anti-apartheid

C'est en 1957 que Winnie Nomzamo, alors assistante sociale, rencontre Nelson Mandela, leader de l'ANC. Un an après, ils se marient. Après plusieurs années passées dans la guérilla, elle assiste en 1964 au verdict du procès de son mari : la prison à vie. Digne, elle quitte le tribunal poing levé.

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Endurcie après 13 mois en prison

Alors que son mari est en prison, Winnie Mandela poursuit le combat. En 1969, elle est arrêtée à son tour. Violée, battue, elle est mise 13 mois à l'isolement. De quoi l'endurcir et la renforcer dans ses convictions. Ici, en 1986, elle distribue des jouets dans un township.

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"Avec nos boîtes d'allumettes, nous allons libérer ce pays"

En 1986, elle prononce un discours qui est un tournant : elle y appelle clairement à la violence et se démarque ainsi des tendances pacifistes de l'ANC, dont une partie de l'élite vit alors en exil. "Nous n’avons pas de fusil, nous avons seulement des pierres, des boîtes d’allumettes et de l’essence. Ensemble, main dans la main, avec nos boîtes d’allumettes et nos 'necklaces' (pneus enflammés au cou des traîtres), nous allons libérer ce pays", y clame-t-elle.

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Faire libérer Nelson Mandela

Faire libérer Nelson Mandela fait aussi partie des objectifs de son combat. Ici, en 1988, avec une des deux filles que le couple a eu ensemble, Zindzi, et sa belle-sœur, elle vient de rendre visite à son mari, hospitalisé pour une tuberculose.

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11 février 1990, le couple se retrouve

Le 11 février 1990, Winnie et Nelson Mandela déambulent dans la rue et saluent la foule à Paarl. Le leader de l'ANC vient d'être libéré.

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Un seul combat mais deux moyens d'y parvenir

Si le couple se retrouve enfin après 26 ans de séparation, un fossé les sépare en terme d'idéologie. Alors que "Madiba" va devenir un leader pacifiste, sa femme, elle, traîne une image sulfureuse. Dans les années 1980, sa milice, le Mandela United Football Club, se fait connaître pour de nombreuses violences. "Les années de prison m'ont endurcie. Il n'y a plus rien qui ne me fasse peur", avait-elle affirmé dans une interview en 1987.

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De guerrière à "Mama Africa".

Winnie Mandela redevient le double de Nelson lors des événements officiels devenant une sorte de "Mama Africa", symbole de la lutte anti-apartheid. Ici, le 12 février 1990, au lendemain de la libération de Nelson Mandela, le couple avance à la rencontre de l'archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix en 1984.

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Le combat continue

Alors que son conjoint est député de l'ANC, Winnie Mandela ne veut pas s'en tenir à un rôle de sage compagne. Ici, elle est arrêtée le 22 mai 1991 lors d'une manifestation à Johannesburg appelant à libérer des détenus en grève de la faim.

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A Soweto où "il n'y a pas un seul Blanc"

Quelques jours après la libération tant attendue, le couple se rend à Soweto, banlieue noire de Johannesburg à laquelle Winnie Mandela est restée fidèle jusqu'au bout. "La réconciliation n'a été qu'une façade", avait-elle asséné quelques mois avant sa mort. "Je vis à Soweto, un township créé par le régime d'apartheid pour parquer les Noirs. Un quart de siècle après l'abolition de l'apartheid, il n'y a toujours pas un seul Blanc à Soweto (...) Où est le changement ?"

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Reconnue coupable de violations de droits de l'homme

Deux ans après avoir divorcé d'avec Nelson Mandela en 1996, la Commission vérité et réconciliation (TRC) la déclare "coupable politiquement et moralement des énormes violations des droits de l’homme" commises par sa milice. En 1989 notamment, ses hommes de main avait torturé à mort un jeune de 14 ans soupçonné d'être un informateur.

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Une image de plus en plus écornée

Le 19 avril 2009, elle est photographiée aux côtés de son ex-mari lors d'un congrès de l'ANC. Son image est alors très écornée. En 2003, elle a été condamnée à quatre ans de prison pour "fraude" et "vols".

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Adieu à Nelson Mandela

Winnie Mandela assiste à une messe le 8 novembre 2013, trois jours après la mort de son ex-mari. Ce dernier ne lui lègue rien, elle se lance alors dans des poursuites en justice mais cette dernière la déboute.

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Tout un pays rend hommage à une "mère de la nation"

Malgré un parcours controversé, toute l'Afrique du Sud rend mardi hommage à une "mère de la Nation". Dans le township de Soweto, où Winnie vivait toujours, des dizaines d'habitants se sont pressés devant son domicile. "C'est un grand choc", a témoigné un voisin, "tout au long de sa vie, elle a fait partie de l'avant-garde du combat contre l'oppression."

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Combattante de la cause anti-apartheid, Winnie Mandela s'était démarquée tôt du militantisme pacifiste prôné par l'ANC.

Les réactions ont afflué de tout le continent africain, puis du reste du monde. Lundi, Winnie Mandela, 81 ans, est morte des suites d'une longue maladie. Ex-femme du célèbre leader anti-apartheid Nelson Mandela mais aussi héroïne dans son pays, Nomzamo Winifred Zanyiwe Madikizela de son vrai nom s'était rendue célèbre par sa ténacité dans le combat, son franc-parler, son courage. 

Le prix Nobel de la paix Desmond Tutu a rendu hommage à un "symbole majeur" du combat contre le régime ségrégationniste. Winnie "a refusé de céder face à l'incarcération de son mari, le harcèlement perpétuel de sa famille par les forces de sécurité. Son attitude de défi m'a profondément inspiré, ainsi que des générations de militants", a déclaré l'ex-archevêque anglican.

Europe 1 revient sur le parcours controversé de cette femme considérée comme "une mère de la nation" sud-africaine.