Alors que la mort de George Floyd a remis la question des violences policières et des inégalités raciales au cœur de l'actualité outre-Atlantique, les rassemblements massifs se multiplient depuis la semaine dernière dans de nombreuses villes américaines. Pour autant, cette crise, l'émotion qu'elle suscite, ainsi que la mobilisation inédite, vont-elles permettre des changements en profondeur au sein de la police américaine ? Invité samedi d'Europe 1, Didier Combeau, spécialiste des États-Unis et auteur de Polices américaines, rappelle que si la prise de conscience existe déjà au niveau de la hiérarchie de l'institution, "les départements de police sont extrêmement difficiles à réformer".
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"Ce sont des machines assez lourdes", explique-t-il, mettant notamment en avant le rôle des syndicats de policiers "qui défendent leurs collègues bec et ongles", ainsi que la "culture du silence". "Lorsqu'un policier sait qu'un collègue commet des abus, il ne va pas le dénoncer", poursuit-il.
"Les cadres de la police n'ont pas réussi à convaincre les policiers de base"
"Y’a-t-il des policiers racistes ? Oui", reconnaissait vendredi sur l'antenne d'Europe 1 Art Acevedo, chef de la police de Houston. Un signe que les consciences sont en train d'évoluer aux États-Unis ? "On a l'impression qu'une prise de conscience apparaît", confirme Didier Combeau, qui nuance aussitôt, rappelant que cette prise de conscience "existe déjà depuis quelques années, surtout depuis que les abus policiers sont filmés par des smartphones". De plus, ajoute-t-il, cette volonté de réforme "émane de la hiérarchie policière, des cadres de la police en chemise blanche, par opposition aux policiers en chemise bleue, qui patrouillent dans la rue".
Mais, conclut Didier Combeau, jusqu'à présent, "les cadres de la police n'ont pas réussi à convaincre les policiers de base de changer leurs méthodes de travail".