Les Etats-Unis ont reconnu avoir effectué une frappe dans le nord de la Syrie contre Al-Qaïda, mais nient avoir délibérément visé la mosquée où au moins 46 personnes ont péri. La plupart des victimes du raid de jeudi soir dans le village d'al-Jineh dans la province d'Alep sont des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). D'après l'OSDH, ce village est entièrement contrôlé par des groupes rebelles et non par des jihadistes qui se trouvent ailleurs dans cette province et celle voisine d'Idleb (nord-ouest).
"Plus de 100" blessés. Les secours sur place tentaient d'extraire des personnes coincées sous les décombres de la mosquée du village d'al-Jineh, situé à 30 km à l'ouest de la ville d'Alep, selon l'ONG. Plusieurs personnes sont portées disparues. "Plus de 100 personnes sont blessées", a ajouté Rami Abdel Rahmane, en soulignant que le bilan des morts risquait de s'alourdir. La localité est sous contrôle des groupes rebelles. Selon des images diffusées par des militants antirégime et présentées comme celles du drame, le bâtiment semble entièrement détruit. On y voit des Casques blancs, ces célèbres secouristes des zones rebelles de Syrie, aidés de torches fouillant dans les décombres et parvenant à en tirer un survivant aussitôt emmené vers une ambulance.
Des violences malgré le cessez-le feu. Un cessez-le-feu parrainé par la Russie, alliée du régime syrien, et la Turquie, soutien des rebelles, est entré en vigueur en décembre 2016 mais les violences ont continué dans le pays. Le ciel syrien est encombré par les avions du régime syrien, ceux de la Russie, ceux de la Turquie et ceux de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. La Russie est intervenue militairement au côté du régime en septembre 2015. Elle a toujours démenti les accusations selon lesquelles ses raids ont tué des civils en Syrie. La coalition internationale concentre ses frappes sur les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et ceux de Fateh al-Cham, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, qui occupent des régions en Syrie.
Septième année de conflit. La veille, au moins 25 civils, dont 14 enfants, ont péri dans des raids sur la ville d'Idleb, tenue par des rebelles et les jihadistes, avait indiqué l'OSDH en parlant de frappes "vraisemblablement russes". La guerre en Syrie est entrée mercredi dans sa septième année, sans aucune perspective de paix à court ou moyen terme, et a fait plus de 320.000 morts. Déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, elle est devenue très complexe avec la montée en puissance de groupes jihadistes, l'implication de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.