Les autorités birmanes ont opposé dimanche une fin de non recevoir à l'appel au cessez-le-feu lancé la veille par les rebelles rohingya pour permettre aux organisations humanitaires de venir en aide aux centaines de milliers de réfugiés qui ont fuit les violences dans l'Etat d'Arakan. "Notre politique n'est pas de négocier avec les terroristes", dit un porte-parole de la dirigeant Aung San Suu Kyi sur Twitter. Les rebelles de l'Armée du Salut des Rohingya de l'Arakan
(ASRA) ont décrété samedi une trêve humanitaire unilatérale d'un mois à compter et ont appelé l'armée à en faire autant.
Un exode vers le Bangladesh. Selon les dernières estimations des Nations unies, 294.000 membres de cette minorité musulmane ont trouvé refuge dans le sud du Bangladesh pour échapper à la violente riposte des forces gouvernementales après l'attaque, le 25 août, d'une trentaine de commissariats, revendiquée par l'ARSA. Au cours des deux dernières semaines, des centaines d'habitations ont été incendiées, des dizaines de villages se sont vidés et l'exode se poursuit en direction du Bangladesh, où les organisations humanitaires sont débordées.
Mises à sac et incendies. Selon des réfugiés et certains mouvements de défense des droits de l'homme, les forces gouvernementales et des milices bouddhistes cherchent à chasser les musulmans de l'Etat d'Arakan, également appelé Rakhine. Une douzaine de villages musulmans ont encore été mis à sac et incendiés vendredi et samedi aux alentours de Rathedaung, selon des observateurs. "Les villages sont brûlés les uns après les autres. Je pense que les Rohingya ont déjà été complètement chassés de Rathedaung", a déclaré Chris Liwa, de l'Arakan Project. Des mines ont causé la mort samedi de trois Rohingya qui tentaient de passer au Bangladesh, selon un garde-frontière bangladais. Amnesty International fait par ailleurs état de deux incidents dus à des mines survenus dimanche. "Tout indique que les forces de l'ordre birmanes s'en prennent délibérément aux points de passage empruntés par les réfugiés rohingya", déplore Tirana Hassan, directrice du programme de réaction aux crises d'Amnesty, dans un communiqué.
Aung San Suu Kyi critiquée. Aung San Suu Kyi s'est indignée mercredi de la campagne de désinformation menée, selon elle, pour le compte des "terroristes". La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 est de plus en plus critiquée pour ce qui est perçu au moins comme de la passivité face au sort des Rohingya, qui se disent depuis longtemps persécutés par les bouddhistes. Les Etats-Unis ont invité vendredi les autorités birmanes à agir de manière "responsable" dans l'Etat d'Arakan. Patrick Murphy, sous-secrétaire d'Etat chargé de l'Asie du Sud-Est, a parlé de "manquements" de la part de l'armée et du gouvernement.