Pouvoir et opposition en République démocratique du Congo vont cogérer le pays durant la transition entre la fin du mandat du président Joseph Kabila, le 20 décembre, et l'élection de son successeur, en vertu d'un accord laborieusement conclu après plus de 13 heures de tractations. L'accord signé suite à la médiation de l'épiscopat congolais autorise l’actuel président à demeurer à la tête du pays jusqu'à la "fin 2017", en contrepartie de la création d'un Conseil national de transition (CNT) présidé par l'opposant historique Étienne Tshisekedi et la nomination d'un Premier ministre issu de sa coalition "le Rassemblement".
"Le travail doit continuer". Les évêques se sont déclarés "heureux" d'avoir réussi à "aboutir à un compromis politique inclusif", selon le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) Mgr Marcel Utembi, qui a estimé que cet accord avait l'avantage "d'éviter au pays le chaos". Le chef de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco) a salué "l'inclusivité souhaitée (qui) a permis d'avoir ce consensus plus large". "Mais le travail doit continuer, il faut sauvegarder la stabilité politique en mettant en oeuvre chaque point de cette nouvelle feuille de route politique", a déclaré Maman Sidikou.
Pas de troisième mandat pour Kabila. Ce compromis du 31 décembre est précis sur l'avenir politique du président Kabila qui reste donc au pouvoir pendant la période pré-électorale et électorale. Les parties ont clairement acté qu'après son second et dernier mandat, il ne briguera pas un troisième mandat. Les signataires ont également convenu qu'"aucune tentative de révision de la Constitution ne sera entreprise" pendant la transition, alors que dans la journée le Rassemblement de l'opposition accusait la majorité de vouloir faire sauter, via un référendum, le verrou constitutionnel qui interdit à Joseph Kabila de postuler à la présidentielle de "fin 2017".
Au moins 40 morts. La crise politique qui mine la RDC, Etat continent de plus de 70 millions d'habitants, est provoquée par le maintien à la tête du pays de Joseph Kabila. Son mandat avait officiellement expiré le 20 décembre, dans un climat de violences politiques et interethniques ayant fait, selon l'ONU, au moins 40 morts dans tout le pays. Les 20 et 21 décembre, des heurts avaient opposé les forces de l'ordre à des jeunes entendant dénoncer ce maintien au pouvoir.
Agé de 45 ans, Joseph Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter. La présidentielle, qui aurait dû avoir lieu cette année, avait été reportée sine die. Confirmé en 2006 à la tête du pays par les premières élections libres organisées depuis l'indépendance, il avait été réélu en 2011 lors d'un scrutin entaché de fraudes massives, à l'origine de la crise actuelle.