Référendum en Catalogne : Rajoy et le gouvernement espagnol fragilisés

Dimanche, la Catalogne a clairement voté pour son indépendance, selon ses partisans. © JOSE JORDAN / AFP
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Henry de Laguérie, à Barcelone, avec T.LM.

Après la victoire du "oui" revendiquée par les indépendantistes lors du référendum d'autodétermination, le chef du gouvernement espagnol est lourdement critiqué.

Dimanche, Mariano Rajoy a sans aucun doute essuyé une défaite politique lors du référendum d'autodétermination organisé illégalement en Catalogne. Évidemment, le chef du gouvernement se targue d'avoir remporté cette bataille : "Aujourd'hui, il n'y a pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne. Aujourd'hui, tous les Espagnols ont pu constater que notre État de droit reste en vigueur avec toute sa force." Les forces de sécurité "ont fait leur devoir" en Catalogne et "respecté le mandat de la justice", a-t-il ajouté.

La guerre de l'image perdue par Madrid. Leur "devoir" a pourtant choqué le monde entier, qui a assisté toute la journée aux violences entre forces de l'ordre et indépendantistes, à l'image de ces policiers espagnols molestant des pompiers qui protégeaient des indépendantistes. Tout cela a sans doute écorné l'image de l'Espagne et sans doute permis aux partisans du "oui" de gagner la bataille de la communication.

Un fossé qui se creuse. Cela contribue à creuser un peu plus le fossé entre l'Espagne et sa région aux velléités de rupture. Saisie des urnes, évacuation de bureaux de vote… Madrid a empêché que le scrutin d'autodétermination se déroule normalement et donc indirectement renforcé la détermination des soutiens de l'indépendance, qui revendique une victoire du "oui" à 90%. Même le FC Barcelone s'est invité dans le débat avec un match disputé à huis clos contre Las Palmas, dans l'après-midi, faute de conditions de sécurité réunies, selon le club. 

L'exécutif catalan campe sur sa position. Une force de plus en plus remise en cause dans la rue, mais aussi sur le terrain politique : le chef du gouvernement espagnol a ainsi été très durement critiqué par les partis socialiste et Podemos à gauche. En face, l'exécutif catalan a réitéré sa volonté de déclarer son indépendance cette semaine, dans les prochains jours. C'était là leur engagement en cas de victoire, mais il s'agit surtout d'un saut dans le vide alors qu'aucun État en Europe n'a reconnu la validité du scrutin. Pour l'instant, Madrid ne retire aucun bénéfice de cette non-reconnaissance. L'État espagnol va encore trembler, alors que 44 organisations - dont les principaux syndicats catalans et deux associations indépendantistes - ont appelé à une journée de grève générale et de mobilisations, mardi, en Catalogne.