Au-delà de l’unité affichée entre Paris et Washington sur la question ukrainienne, le nouveau contexte géopolitique a fait naître des frictions entre les deux alliés historiques. Si la crise des sous-marins australiens semble derrière, la guerre en Ukraine révèle que leurs diplomaties ne sont pas totalement alignées.
Pour la seconde fois, Emmanuel Macron a le droit au tapis rouge à Washington . Après Donald Trump , c’est cette fois-ci Joe Biden qui recevra le président français en visite d’État, le plus haut niveau protocolaire. C’est la première fois que Joe Biden offre ainsi une visite d’État à un dirigeant étranger depuis son arrivée à la Maison Blanche. L’occasion pour lui de mettre en lumière la relation spéciale qu’il entretient avec la France, plus vieille alliée des États-Unis.
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Paris et Washington en conviennent : la crise des sous-marins australiens est derrière eux. Mais au-delà de cette unité affichée, le nouveau contexte géopolitique a fait naître des frictions entre les deux pays.
Des diplomaties pas totalement alignées
Entre les deux pays, c'est l’histoire d’un amour contrarié. La guerre en Ukraine met à l’épreuve la confiance entre les deux alliés historiques. Leurs diplomaties ne sont pas totalement alignées. Quand Joe Biden traite Vladimir Poutine de "tueur" , Emmanuel Macron, lui, continue d’appeler au téléphone le président russe.
Ensuite, les objectifs militaires ne sont pas les mêmes. Quand Emmanuel Macron tente de construire l’Europe de la Défense, question d’autonomie stratégique, Joe Biden, lui, muscle la présence américaine en Europe en envoyant 20.000 soldats supplémentaires cette année. Au total, plus de 100.000 soldats américains sont aujourd’hui stationnés sur le Vieux continent.
Intérêts économiques et militaires divergents
Le projet franco-allemand de l’avion de chasse du futur peine à se concrétiser ? Qu’à cela ne tienne, les Américains livreront 35 chasseurs F-35 aux Allemands.
Enfin, les intérêts économiques divergent. Le gaz américain censé remplacer celui des Russes se vend ainsi trois fois plus cher aux Européens qu’aux industriels américains. Si bien que désormais, même dans les couloirs feutrés de Bruxelles, certaines voix européennes accusent discrètement Washington de vouloir profiter de la guerre en Ukraine.