C’est une victoire importante. L'armée syrienne, appuyée par son allié russe, a repris dimanche la célèbre ville de Palmyre aux mains de Daech. C’est la victoire la plus importante du régime face à l’organisation Etat islamique (EI) depuis l'intervention militaire dans le conflit syrien, fin septembre 2015, de la Russie, allié indéfectible du président Bachar al-Assad.
"Couper leurs lignes de ravitaillement". La perte de Palmyre est la deuxième grande défaite de l'EI en Syrie, après celle en janvier 2015 à Kobané, située dans le nord du pays. Fort de son succès, le commandement militaire syrien a affirmé que Palmyre "sera la base à partir de laquelle s'étendront les opérations contre le groupe terroriste notamment à Deir Ezzor et Raqa", principaux fiefs de l'EI. Le but est de "couper leurs lignes de ravitaillement et de reprendre les territoires sous leur contrôle pour mettre fin à leur existence" en Syrie.
Vingt jours de combat. Soutenue par l'aviation et les forces spéciales russes, ainsi que par le Hezbollah libanais et des milices, l'armée avait lancé le 7 mars l'offensive pour reprendre Palmyre à l'EI, qui s'en était emparée en mai 2015. En vingt jours de combats, 400 djihadistes sont morts, "le bilan le plus lourd pour l'EI dans une seule bataille depuis son émergence" dans le conflit en 2013, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). 188 membres des forces prorégime y ont péri.
De l'autre côté de la frontière, en Irak, l'EI est aussi la cible d'une large offensive de l'armée qui cherche à reprendre son fief de Mossoul, avec le soutien aérien de la coalition internationale. Les grandes puissances sont déterminées à en finir avec l'EI qui a revendiqué les attentats de mardi à Bruxelles, quatre mois après avoir commis ceux de Paris.
Les stigmates des combats violents. La reprise de Palmyre est aussi hautement symbolique. La ville qui a plus de 2.000 ans est un joyau de archéologique classé au patrimoine mondial de l'Unesco. La télévision d'Etat syrienne a montré des images de destructions dans le musée de Palmyre avec des têtes de statues renversées, le sol couvert de débris et un grand trou dans le plafond.
Une ville fantôme. Selon un correspondant de l'AFP sur place, la ville ressemblait dimanche à une ville fantôme. La quasi-totalité des habitants ont fui les bombardements et les raids aériens ces derniers jours. D'énormes destructions y témoignent de la violence des combats. Dans chaque quartier, les immeubles portent l'impact de balles et des trous béants défigurent leurs façades.
" Palmyre "redeviendra comme avant" "
La cité antique relativement épargnée. Responsable d'atrocités dans les régions sous son contrôle et de vastes destructions du patrimoine, l'EI a détruit à coups d'explosifs les temples de Bêl et Baalshamin à Palmyre, ainsi que les tours funéraires et le célèbre Arc de triomphe.
"Nous étions si effrayés à l'idée d'entrer sur le site antique et de le trouver complètement détruit", a confié un soldat du régime sous couvert d'anonymat, "mais quand nous sommes entrés, nous avons été soulagés". "Le paysage général est en bon état" et Palmyre "redeviendra comme avant", a assuré le chef des Antiquités syriennes Mamoun Abdelkarim.
Une trêve en cours
Une trêve est en vigueur depuis un mois entre les rebelles non djihadistes et le régime. A la faveur de cet accord, des pourparlers indirects ont eu lieu à Genève entre régime et opposition afin de trouver une issue au conflit qui a fait depuis cinq ans plus de 270.000 morts et créé une grave crise migratoire avec la fuite de millions de Syriens. L'ONU espère un deuxième round autour du 9-10 avril.