Les difficiles négociations de paix sur la Syrie reprennent jeudi à Genève en Suisse sous l'égide de l'ONU, avec des représentants du gouvernement syrien et de l'opposition incapables de trouver une solution à un conflit qui dure depuis six ans. Quatre séries de pourparlers ont déjà été organisés depuis 2016 à Genève par l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, sans résultat.
Un agenda avec quatre sujets.Lors du dernier round en février, ce diplomate italo-suédois est parvenu pour la première fois à faire accepter par les parties au conflit un agenda avec quatre sujets de discussion : la lutte contre le terrorisme, la gouvernance (terme flou pour évoquer une transition politique), une nouvelle Constitution et la tenue d'élections. En l'absence de Staffan de Mistura, qui effectue actuellement une tournée dans plusieurs capitales pour soutenir ces négociations, c'est son adjoint Ramzy Ezzeldin Ramzy qui va accueillir jeudi les délégations au Palais des Nations, siège de l'ONU à Genève.
L'opposition veut le départ de Bachar al-Assad. Staffan de Mistura, qui sera de retour vendredi, a notamment visité Moscou et Ankara, deux parrains du cessez-le-feu en Syrie et du processus de paix. Il souhaite que ce cinquième round soit l'occasion de discuter des quatre sujets de l'agenda, mais comme les délégations refusent de se parler directement, il aura la lourde tâche de faire l'intermédiaire et de tenter d'arrondir les angles. L'opposition ne cesse de réclamer le départ du président syrien Bachar al-Assad, ce que Damas refuse. Le gouvernement syrien veut de son côté discuter en priorité de la "lutte contre le terrorisme", ce qui pour le pouvoir désigne tous ses adversaires.
Le soutien américain bat de l'aile. Les analystes sont pessimistes sur le résultat de ces pourparlers, car le régime syrien est en position de force depuis l'intervention militaire de son puissant allié russe fin 2015, qui lui a permis de remporter des victoires face aux rebelles et aux djihadistes, notamment en reprenant la ville d'Alep (nord). Du côté de l'opposition, des tensions internes se font jour, alors que le soutien crucial des Etats-Unis bat de l'aile depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Plus de 320.000 morts. Le fragile cessez-le-feu, en vigueur depuis décembre, est en outre menacé depuis plusieurs jours par des offensives des rebelles et des djihadistes contre le régime dans l'est de Damas et dans le centre du pays. "Il y a des développements sur le terrain qui soulèvent des inquiétudes", a reconnu Staffan de Mistura après un entretien mercredi à Moscou avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Le conflit syrien a fait plus de 320.000 morts et provoqué le déplacement de plus de la moitié de la population du pays.
40 civils tués en 48 heures. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 40 civils ont été tués en 48 heures en Syrie dans des raids aériens probablement menés par la coalition dirigée par les Etats-Unis, dont les troupes participent à une opération antidjihadistes dans le nord du pays.