Des fusillades et des tirs d'armes lourdes ont éclaté lundi à Brazzaville, brisant le calme relatif prévalant en République du Congo depuis la réélection contestée du président Denis Sassou-Nguesso le mois dernier. Le gouvernement a accusé une milice ayant combattu les forces favorables au chef de l'Etat lors de la guerre civile de 1997, d'avoir attaqué et incendié des bâtiments de l'armée, de la police et de l'administration.
L'attaque de ces miliciens "ninja", autrefois favorables au défunt Premier ministre Bernard Kolélas, père du candidat à l'élection présidentielle Guy-Brice Parfait Kolélas, a été contenue et le gouvernement examine d'éventuels liens avec des candidats de l'opposition, a déclaré le porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla.
Échanges de tirs intenses. Des coups de feu ont été échangés à Makélékélé, un quartier sud de Brazzaville, fief de l'opposition, entre des policiers et des tireurs non identifiés, ont rapporté des témoins. Dans cet arrondissement du sud de la capitale, des jeunes, partisans de l'opposition, ont érigé des barricades, aux cris de "Sassou, va-t-en !" Ils ont mis le feu aux bureaux de la mairie d'arrondissement et au commissariat de police, ajoutent ces témoins.
Les tirs, qui ont également eu lieu à Bacongo, autre place forte de l'opposition, ont commencé à trois heures du matin et ont duré jusqu'à 06h00. Ils ont repris autour de 08h00 et se sont intensifiés en fin de matinée, alors que des hélicoptères de l'armée survolaient le sud de la capitale. Des centaines d'habitants des quartiers sud, certains portant quelques biens sur leur tête, ont fui à pied en direction du nord de la ville.
Le Quai d'Orsay préoccupé. Denis Sassou-Nguesso, qui a 72 ans, a été président de la République du Congo entre 1979 et 1992 et l'est à nouveau depuis 1997. Il a été réélu le 20 mars après avoir fait adopter, par référendum en octobre 2015, des réformes supprimant les diverses limitations aux mandats présidentiels qui l'auraient empêché de se représenter. Les candidats de l'opposition ont estimé que le scrutin de fin mars était frauduleux et ont appelé à une campagne de désobéissance civile très suivie dans les quartiers sud de Brazzaville.
A Paris, le Quai d'Orsay a fait part de son inquiétude et lancé un appel à la retenue. "Notre ambassade a immédiatement adressé des consignes de sécurité et des appels à la prudence à nos ressortissants sur place, qui ont été invités à rester chez eux. Le lycée français est fermé aujourd'hui", a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.