"L’Amérique ne veut plus continuer à être le gendarme du monde" : le président américain Donald Trump a créé la surprise mercredi en effectuant une visite inattendue en Irak, auprès des troupes américaines, afin de justifier sa décision de retirer les soldats américains présents dans la Syrie voisine. Pour le spécialiste des États-Unis Jean-Éric Branaa, la principale raison de ce changement de doctrine est financière.
"Donald Trump l’avait dit pendant sa campagne : son objectif est de ramener les 'Boys' aux États-Unis. Et il y a une raison à cela, c’est que ça coûte cher d’avoir une armée, surtout une armée à l’extérieur du pays", a expliqué sur Europe 1 le maître de conférences à l’Université Paris II et auteur de Trumpland, portrait d’une Amérique divisée.
"Les contribuables payent trop cher". "Il en a marre de payer la facture. Donald Trump pense effectivement que les contribuables américains payent trop cher pour la sécurité de pays dont ils n’ont rien à faire. Et comme il l’a dit lui-même, ils ne savent pas souvent où se trouvent ces pays, ou n’en ont jamais entendu parler", développe Jean-Éric Branaa. "Désormais, les pays qui voudront avoir une sécurité de la part des États-Unis devront passer à la caisse."
"Va-t-il retirer des soldats ailleurs ?" En annonçant le retrait des 2.000 soldats américains présents en Syrie, Donald Trump rompt avec près de 40 ans de doctrine américaine interventionniste au Moyen-Orient. Et il réussit là où son prédécesseur avait échoué, rappelle Jean-Éric Branaa. "Donald Trump est en train de réussir la promesse que Barack Obama n’a pas réussi à tenir. En 2014, Obama s’est englué en Afghanistan, et là, Trump nous annonce qu’il va retirer les troupes de Syrie mais aussi une grande partie des soldats présents en Afghanistan", souligne le spécialiste. Et de s’interroger sur l’avenir de la présence militaire américaine à l’étranger : "Et maintenant, va-t-il retirer des soldats ailleurs, et notamment en Irak ? C’est la principale question qui se pose, et qui a déjà été demandée par une partie des républicains."