Plusieurs lauréats du prix Nobel de la paix ont exhorté jeudi l'ONU à se saisir du sort de la minorité musulmane des Rohingyas et ont critiqué la passivité de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, elle-même lauréate du prix Nobel de la paix.
"Nettoyage ethnique". Dans une lettre ouverte adressée au Conseil de sécurité, les signataires affirment "qu'une tragédie humaine qui s'apparente à un nettoyage ethnique et à des crimes contre l'humanité se déroule en Birmanie".
Tortures et viols collectifs. Ces dernières semaines, plus de 27.000 personnes appartenant à cette minorité musulmane persécutée ont fui une opération de l'armée birmane dans le nord-ouest du pays, lancée en réponse à l'attaque de postes frontières par des groupes d'hommes armés. Arrivés au Bangladesh, ces réfugiés ont dénoncé des exactions de la part de l'armée birmane dont des viols collectifs, des meurtres et des tortures. "Les Rohingyas figurent parmi les minorités les plus persécutées du monde", souligne la lettre, qui cite des témoignages de victimes.
Pour une "une enquête internationale indépendante". Les signataires "se disent déçus de ce que malgré des appels répétés à Aung San Suu Kyi, (celle-ci) n'ait pas pris d'initiative pour garantir la citoyenneté pleine et entière aux Rohingyas". L'icône birmane de la démocratie "est la dirigeante et c'est elle qui a la responsabilité première de diriger avec courage, humanité et compassion", soulignent-ils. Les signataires exhortent l'ONU à faire pression sur le gouvernement birman pour qu'il "lève toutes les restrictions à l'aide humanitaire" aux Rohingyas et ils réclament "une enquête internationale indépendante" sur leur sort. Ils demandent aussi aux 15 membres du Conseil de sécurité "de mettre d'urgence cette crise à l'ordre du jour du Conseil"
Qui sont les Rohingyas ? Considérés comme des étrangers en Birmanie, pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations. Ils n'ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l'hostilité à leur encontre.