Le parquet de Rome a ouvert une enquête après l'agression d'un journaliste de la télévision publique italienne Rai par le gérant d'une salle de sports, frère d'un célèbre boss mafieux d'Ostie, une affaire qui a suscité une vague d'indignation.
"Il m'a frappé parce que je posais des questions." Alors qu'il était interrogé sur son amitié avec un représentant local du mouvement néo-fasciste CasaPound, Roberto Spada a subitement asséné un violent coup de tête au journaliste, lui fracturant le nez, avant de le poursuivre à coups de matraque, selon les images diffusées en boucle jeudi en Italie. "Il m'a frappé parce que je posais des questions. Il devrait demander pardon à Ostie" pour l'image qu'il donne de la ville, a déclaré le journaliste agressé, Daniele Piervincenzi, qui travaille pour une émission d'investigation.
Ostie est une localité sur le littoral à une trentaine de kilomètres de Rome, dont elle est un arrondissement. Dimanche, le mouvement CasaPound a réalisé une percée avec 8% des voix au premier tour de municipales organisées deux ans après la dissolution du conseil d'arrondissement pour infiltrations mafieuses. "Pardonnez-moi, je comprends et je respecte le travail de tous", s'est excusé Roberto Spada sur Facebook. Mais selon lui, le journaliste "entrait en force dans une association réservée aux seuls membres, il perturbait une séance de travail, faisant peur à mon fils. Vous, qu'auriez-vous fait ?", interroge-t-il, en assurant que "la patience a des limites".
20 jours d'ITT pour le journaliste. Il risque des poursuites et jusqu'à trois ans de prison pour coups et blessures, mais n'a pas été arrêté dans la mesure où les blessures infligées au journaliste, évaluée à 20 jours d'ITT, ne sont pas considérées comme graves d'un point de vue juridique.
Attention, la vidéo qui se trouve dans le tweet ci-dessous contient des images violentes :
OSTIA, AGGRESSIONE AGLI INVIATI DI #NemoRai2 - L'inviato Daniele Piervincenzi e il filmmaker Edoardo Anselmi sono stati violentemente aggrediti a Ostia da Roberto Spada, membro della famiglia Spada, nota alle cronache per diverse inchieste giudiziarie, e da un'altra persona. pic.twitter.com/dKCZWjKUKw
— Rai2 (@RaiDue) 8 novembre 2017
L'affaire a cependant suscité une vague d'indignation en Italie, à commencer par le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, qui a téléphoné au journaliste pour exprimer sa "solidarité après cette agression brutale". "La violence du clan Spada est inacceptable. Nous arrêterons la criminalité à Rome", a affirmé la maire de Rome, Virginia Raggi. Son Mouvement 5 étoiles (populiste), est au coude-à-coude avec une coalition de droite au 2e tour de la municipale du 19 novembre.
"Des faits d'une gravité exceptionnelle." Le ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, a dénoncé "une affaire très grave, par l'acte en soi, par le profil de l'agresseur et parce qu'un organe de presse a été touché pendant une campagne électorale". Le chef de la police italienne, Franco Gabrielli, a évoqué "des faits d'une gravité exceptionnelle qui démontrent que ce territoire doit encore faire l'objet d'attentions, de mesures significatives que nous avons prises et que nous continuerons à prendre de manière particulièrement incisive".
La famille de Roberto Spada est considérée par la justice italienne comme un clan mafieux sévissant dans la région littorale de la capitale. Son chef Carmine Spada, frère de Roberto, a été condamné en 2016 à dix ans de prison pour extorsion dans le cadre d'une association mafieuse.