Les députés britanniques entament mardi un nouvel examen du projet de loi sur le Brexit, un débat à haut risque pour le gouvernement qui a forcé la Première ministre conservatrice Theresa May à appeler les députés de son parti à l'unité.
Une série d'amendements à étudier. Ce texte, intitulé "Loi [de retrait] de l'Union européenne", doit mettre fin à la suprématie du droit européen sur le droit britannique, et organiser la transposition de certaines réglementations européennes. Les députés, qui avaient adopté une première version en janvier, doivent se prononcer sur une série d'amendements introduits lors de l'examen du texte à la Chambre des Lords, la chambre haute du parlement britannique, allant à l'encontre du projet gouvernemental et que Theresa May compte bien voir annulés.
May met la pression sur son parti. Étant donnée sa courte majorité aux Communes, et face à des récalcitrants contre la ligne qu'elle a tracée, la cheffe du gouvernement a convoqué l'ensemble des députés de son parti lundi soir pour les rappeler à l'ordre et s'éviter de nouveaux camouflets. "Le message que nous envoyons au pays cette semaine avec nos votes est important", les a-t-elle sermonné. "Nous devons montrer clairement que nous sommes unis, en tant que parti, dans notre détermination à mettre en place la décision prise par le peuple britannique".
Le gouvernement fragilisé. La ligne du gouvernement semble fragile sur deux amendements. L'un donne au Parlement le pouvoir de renvoyer, avec des directives, le gouvernement à la table de négociations si l'accord obtenu avec Bruxelles ne lui convient pas, et sera étudié mardi après-midi. L'autre porte sur le maintien du Royaume-Uni dans l'union douanière, et sera discuté mercredi.
Theresa May dans une position inconfortable. Le rapport de forces actuel au sein du gouvernement pourrait contraindre les députés conservateurs pro-européens à modérer leurs velléités de rébellion : s'ils infligent de nouvelles défaites à Theresa May, ce sont les ministres partisans d'une ligne dure sur le Brexit qui pourraient en sortir renforcés. "La position de la Première ministre est périlleuse, il se peut que les gens estiment qu'elle a déjà assez de problèmes comme ça", souligne, sous couvert d'anonymat, un député conservateur pro-européen.
La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, partisan d'un retrait sans concession, avait ainsi adressé une critique à peine voilée à Theresa May. "Si vous n'avez pas le courage de vouloir une politique indépendante, vous n'obtiendrez jamais les bénéfices économiques et politiques du Brexit", a-t-il déclaré lors d'un événement privé, avant que ses propos ne fuitent dans la presse.
Plusieurs amendements à discuter. Parmi les autres amendements étudiés figurent notamment l'exigence du maintien des normes environnementales européennes ou la suppression de date de retrait de l'UE, le 29 mars 2019, du texte de loi.