Vladimir Poutine s'apprête à être réinvesti lundi à la présidence de la Russie pour un quatrième mandat courant jusqu'en 2024, après avoir déjà été aux commandes du pays depuis 18 ans en tant que chef d'État ou de gouvernement.
Une réélection sous le signe des irrégularités. Réélu en mars avec 76,7% des voix, soit le score le plus élevé depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine s'est imposé plus que jamais comme l'homme fort d'une Russie qu'il a replacée au premier rang sur la scène internationale, au prix de tensions croissantes avec les Occidentaux. L'opposition et des ONG russes ont fait état de milliers d'irrégularités, parmi lesquelles du bourrage d'urnes et des électeurs emmenés par autocars entiers sous la pression de leur employeur.
Une série de manifestations anti-Poutine. La cérémonie d'investiture de Vladimir Poutine a été précédée par une série de manifestations anti-Poutine organisées samedi dans toute la Russie à l'appel du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny. Ces rassemblements, qui avaient été interdits par les autorités, ont souvent été dispersés par la force et ont débouché sur plus de 1.500 arrestations, dont celle d'Alexeï Navalny, relâché peu après.
Pas de "course aux armements", assure Poutine. Si le maître du Kremlin a fait des déclarations très martiales lors de sa campagne électorale, pendant laquelle il a vanté les nouvelles capacités militaires de la Russie et ses missiles nucléaires "invincibles", il a assuré après sa réélection triomphale vouloir réduire les dépenses militaires en 2018 et 2019 et réfuté toute "course aux armements".
Des relations tendues avec l'Occident. Frappée depuis 2014 par des sanctions occidentales sans précédent à cause de la crise ukrainienne, la Russie s'oppose aussi aux Occidentaux sur le conflit syrien et en raison des accusations d'ingérence russe dans l'élection de Donald Trump. Cette confrontation Est-Ouest s'est encore accentuée depuis que Londres a accusé Moscou en mars d'avoir empoisonné un ex-agent double russe au Royaume-Uni, provoquant une avalanche d'expulsions de diplomates russes à travers le monde à laquelle la Russie a riposté par des mesures similaires. Vladimir Poutine a qualifié ces accusations de "grand n'importe quoi", et la diplomatie russe a dénoncé une "mise en scène" britannique.
Un dernier mandat ? Après la cérémonie d'investiture solennelle au Grand Palais du Kremlin, Vladimir Poutine restera à la tête de la Russie jusqu'en 2024, année où il fêtera ses 72 ans. Interrogé le soir de sa réélection sur l'éventualité d'une candidature après la fin de ce mandat, le quatrième au total, il a répondu : "Vous devez plaisanter ! Qu'est-ce je dois faire ? Rester ici jusqu'à mes 100 ans ? Non".
Sauf réforme constitutionnelle, Vladimir Poutine ne pourra pas être à nouveau candidat en 2024, la Constitution russe interdisant de briguer plus de deux mandats consécutifs. Selon des experts, le président russe pourrait mettre à profit les six prochaines années pour préparer un successeur. Mais pour l'instant, l'homme fort de la Russie s'est gardé de donner la moindre indication sur la personne qu'il pourrait envisager. "Il est fatigué et il comprend qu'il faut partir au sommet de sa forme", a assuré un analyste. "Son départ sera beau et inattendu pour tout le monde."