Ryanair en pleine zone de turbulences

© PASCAL PAVANI / AFP
  • Copié
Anne-Laure Jumet et A.D , modifié à
La compagnie low-cost va supprimer 40 à 50 vols par jour jusqu'à fin octobre. Ryanair explique vouloir restaurer sa ponctualité, mais d'autres arguments sont avancés en interne...

Avis de turbulences chez Ryanair qui va supprimer 40 à 50 vols par jour pendant six semaines jusqu'à la fin octobre, soit 1.680 à 2.100 vols. La compagnie aérienne irlandaise justifie sa décision en indiquant vouloir restaurer sa ponctualité. Le groupe low-cost a vu son taux de ponctualité tomber sous les 80 % sur la première quinzaine de septembre à cause, dit-il, de la météo, de grèves, de l'intensité du trafic ou encore de l'obligation de respecter les congés des pilotes et des équipages. Mais d'autres raisons commencent à émerger pour expliquer de telles annulations.  

La seule compagnie à agir de la sorte. Plusieurs des arguments avancés par la compagnie sont sujets à caution. A commencer par la météo - la même pour tout le monde - mais quand il y a eu des orages en Italie il y a une semaine, seul Ryanair a annulé. Même constat durant la grève des contrôleurs aériens en France : seul le groupe irlandais a procédé à des annulations alors que la Direction de l'aviation civile n'avait pas demandé aux compagnies de modifier leur plan de charge.

Les pilotes qui trouvent des emplois de meilleure qualité partent dès qu'ils en ont l'occasion

Manque de pilotes. Une autre explication commence à émerger. Il y aurait un problème d'effectifs au sein du groupe et avec les obligations de congés, le modèle ne tiendrait plus, explique Samuel Giezendanner, membre du SNPL, et défendant les intérêts des pilotes de Ryanair en France : "Ils se retrouvent à court de pilotes parce que les conditions de travail chez Ryanair sont quand même très mauvaises et les pilotes qui trouvent des emplois de meilleure qualité notamment en Asie ou dans les pays du Golfe partent dès qu'ils en ont l'occasion."

Des ambitions et des limites. Et ces problèmes d'effectifs surviennent alors que la compagnie a de grandes ambitions, de quoi se demander si la compagnie n'atteindrait pas ses limites. C'est la thèse de Loïc Tribot-Laspierre, délégué général du centre d'études et de prospectives stratégiques : "Ryanair se comporte sans doute comme la grenouille qui veut être plus grosse que le bœuf. Ryanair souhaiterait aller sur le moyen-long courrier. Cela nécessite des investissements et cela veut dire qu'il faut savoir évoluer sur son modèle", indique le spécialiste.

Grogne des clients. Ryanair doit en tous cas faire face à la colère de ces clients touchés par les annulations parfois de dernière minute. Le groupe assurait vendredi soir qu'il ferait de son mieux pour leur trouver un autre vol et ou les rembourser en totalité, ce qui ne semble pas apaiser la grogne.