Si Noël n'est pas fêté en Chine, l'écrasante majorité de nos décorations, sapins et jouets de Noël y sont fabriqués. Dans l'émission "Les Carnets du monde" sur Europe 1, notre reporter nous emmène à Yiwu, une ville au sud de Shanghai où sont fabriqués et négociés ces articles qui sont ensuite vendus en France.
Comme de très nombreux Français, vous avez déjà préparé votre sapin, mais saviez-vous que 95% des décorations et des jouets de Noël sont fabriqués en Chine ? D'ailleurs, la grande majorité -80% au moins- des boules, guirlandes et sapins en plastique qui décorent les salons occidentaux sont fabriqués dans la ville de Yiwu, au sud de Shanghai. Une ville devenue le supermarché du Père Noël.
Une guirlande fabriquée pour 6 centimes se revend un euro en France
Avec ses six millions de mètres carrés et plus de 100.000 boutiques, le marché international de Yiwu est une véritable caverne d’Ali baba du made in China, et plus précisément en ce moment la caverne du Père Noël. On raconte qu’il faudrait une année complète pour en faire le tour. Pour ne pas se perdre, Mario Chevalier, un négociant français, emmène Europe 1 dans les allées du marché qu’il parcourt au pas de charge, calculette en main. "C’est combien ça, chef ?", lance-t-il à un vendeur. "Environ 100 yuans". "C'est 4 centimes d'euros, en gros il faut compter 30% de taxes, ça fait à peine 6 centimes la guirlande...", explique Mario. "Ça, minimum, c'est payé un euro en France, il y a de la marge à faire sur ces produits-là."
La tournée des boutiques se prolonge toute la matinée, avec toujours le même dialogue en mandarin. Mario est le seul acheteur français installé à Yiwu. Il y vit depuis dix ans, et chaque année c’est la même organisation : il part à la chasse aux bonnes affaires, qu’il expédie ensuite au Havre par bateau.
Mais pour cela, il faut être attentif aux normes. Comme, par exemple, avec ces sapins en plastiques vendus 4 euros pièce, mais qui seraient invendables en France. "On ne doit pas voir la ferraille au bout des branches, elles doivent être recouvertes avec un tissu ou un capuchon, de manière à ne pas se blesser. C'est la seule norme pour la France", explique Mario, pointant ces "fausses bonnes affaires". "En trichant sur la qualité, ils trichent sur le prix."
Des commandes du monde entier
Pour savoir dans quelles conditions sont fabriqués ces sapins, direction une usine à une trentaine de minutes de route du marché de Yiwu. Dans ce bâtiment gris et sale, travaillent une dizaine d'ouvrières payées à la pièce, 10 heures par jour. Elles gagnent autour de 500 euros par mois, parfois deux fois plus en période de fortes commandes comme c’est le cas à l’approche de Noël. L'atelier est minuscule et il en existe des milliers dans toute la ville.
Au total, cette entreprise écoule un tiers de ses sapins en France. "Nous avons beaucoup de clients du monde entier", explique Bai Yu, la directrice, la directrice, au micro d'Europe 1. "On vend 100.000 sapins en France, par exemple. Les étrangers savent bien ce que signifie Noël, les origines de cette fête, mais ici les gens n’en savent rien", poursuit-elle. "Ils ne savent pas pourquoi on célèbre cette fête de Noël, ce n'est pas dans leur culture. Alors nous leur expliquons d’où viennent les célébrations de Noël, la naissance de Jésus, etc...".
Ces ouvrières sont, de toute façon, habituées à se plier aux commandes venues du monde entier. Ce jour-là elles emballent un million de sapins en plastiques en partance pour le Mexique avant d’enchaîner sur les décorations du Nouvel an orthodoxe, puis celles du Nouvel an chinois. Un atelier qui symbolise la mondialisation que représente le marché de Yiwu. En Chine, si on ne fête pas Noël, au moins on le fabrique.