La crise n'en finit pas Boris Johnson : les députés britanniques débattent et votent jeudi sur le "partygate", ces fêtes organisées à Downing Street pendant les confinements qui ont valu une amende au Premier ministre. Le dirigeant conservateur a-t-il sciemment trompé le Parlement ? Vu sa majorité, peu de risques que la chambre des Communes approuve le lancement d'une procédure parlementaire risquant de le pousser à la démission.
Mais ce vote, qui donnera surtout une idée du niveau de soutien de ses troupes, empêche Boris Johnson de tourner la page de ce scandale. L'affaire, passée un temps au second plan de la guerre en Ukraine, a été relancée la semaine dernière lorsqu'il a reçu une amende pour manquements aux restrictions anti-Covid en participant à un pot surprise pour ses 56 ans en juin 2020, devenant ainsi le premier chef de gouvernement britannique en exercice sanctionné pour avoir enfreint la loi.
Des excuses "sans réserves" de Boris Johnson
En visite en Inde, il sera absent du Parlement. Mardi, il y a répété ses excuses "sans réserves" aux députés et aux Britanniques, affirmant qu'il ne lui "était pas venu à l'esprit" que ce rassemblement, d'une dizaine de minutes tout au plus selon lui, "puisse constituer une violation des règles" alors en vigueur. Pas de quoi convaincre l'opposition, qui a déposé une motion de débat à la chambre des Communes pour savoir si le Premier ministre a sciemment trompé le Parlement en répétant maintes et maintes fois au palais de Westminster qu'il avait respecté toutes les règles.
À l'issue du débat jeudi, les députés voteront pour décider si l'affaire doit être transférée au Comité des Privilèges, une commission parlementaire en charge de ce genre de questions. S'il est saisi, le comité mènera une enquête pour savoir si le Premier ministre a bien trompé les députés et pourra le cas échéant recommander des sanctions, dont l'étendue et la portée ne sont pas claires. Mais le code ministériel dispose qu'un ministre ayant trompé sciemment le Parlement doit démissionner.
La motion a peu de chances de passer compte tenu de la large majorité conservatrice à la chambre des Communes. De nombreux députés qui avaient un temps demandé le départ de Boris Johnson jugent par ailleurs qu'il est désormais peu opportun de le chasser de Downing Street dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le débat permettra cependant à d'éventuels frondeurs de se déclarer. Et l'attitude des élus conservateurs, partagés entre loyauté à leur chef et colère des électeurs, sera scrutée à l'approche d'élections locales le 5 mai.
"Décence et honnêteté"
"Nous pressons les députés conservateurs à faire le bon choix : respecter le sacrifice de leurs électeurs pendant la pandémie, dire que le public avait eu raison de respecter les règles", a enjoint le chef du Labour, Keir Starmer. Le leader de l'opposition a qualifié mardi Boris Johnson d'"homme sans honte", appelant les députés de la majorité à se débarrasser de leur chef pour restaurer "décence, honnêteté et intégrité" dans la vie politique britannique.
Le chef du gouvernement a aussi essuyé des critiques acerbes au sein de son propre camp, le député conservateur Mark Harper estimant qu'il n'était plus "digne" d'être Premier ministre. Outre une possible enquête parlementaire, Boris Johnson n'est pas non plus à l'abri de nouvelles amendes pour sa participation à au moins cinq autres évènements festifs, selon la presse. Il devra aussi faire face, à une date encore inconnue, aux conclusions de la haute fonctionnaire Sue Gray, qui a déjà étrillé dans un pré-rapport des "erreurs de leadership et de jugement".