Les enquêteurs spéciaux travaillant sur le retentissant scandale politique de corruption qui secoue la Corée du Sud ont demandé lundi l'arrestation de l'héritier du groupe Samsung, Lee Jae-Yong, ont-ils annoncé dans un communiqué. Il revient désormais à un tribunal de Séoul d'émettre ou non un mandat d'arrêt contre le vice-président de Samsung Electronics.
Considéré comme suspect. Fils du président du groupe Samsung Lee Kun-Hee et petit-fils de son fondateur, Lee Jae-Yong a été entendu la semaine dernière pendant 22 heures sur des soupçons de corruption. Il serait le premier chef d'entreprise à être arrêté dans cette affaire qui a entraîné la destitution de la présidente Park Geun-Hye. Les enquêteurs avaient annoncé mercredi que Lee Jae-Yong était considéré comme un suspect dans ce scandale à rebondissements centré autour de Choi Soon-Sil, la confidente de la présidente.
Des millions de dollars versés. Choi Soon-Sil est actuellement jugée pour avoir profité de ses relations avec Park Geun-Hye afin de soutirer des sommes astronomiques aux conglomérats sud-coréens qui ont versé des millions de dollars à des fondations privées créées par cette confidente de l'ombre. Plus d'une dizaine de personnes ont été arrêtées, dont Choi Soon-Sil, les anciens ministres de la Culture et des Affaires sociales, un ancien directeur de cabinet présidentiel et un professeur d'université. Lee Jae-Yong, 48 ans, est soupçonné d'avoir approuvé les versements à Choi Soon-Sil, qui auraient eu pour objectif d'obtenir des faveurs du gouvernement. Samsung est le conglomérat qui s'est montré le plus généreux en donnant aux fondations de Choi Soon-Sil 20 milliards de wons (17 millions de dollars), suivi par Hyundai, SK, LG et Lotte.
Un arbitrage douteux. Cela fait des mois que les enquêteurs entendent Lee Jae-Yong et d'autres cadres dirigeants de Samsung pour déterminer en particulier si le groupe a soudoyé Choi Soon-Sil et Park Geun-Hye afin d'obtenir le feu vert du gouvernement à une fusion controversée en 2015. Cette fusion entre deux unités du groupe, Cheil Industries et C&T, était considérée comme une étape cruciale pour assurer une passation de pouvoir en douceur au profit de Lee Jae-Yong. Elle avait été vertement critiquée par certains actionnaires au motif que la valeur de C&T aurait été délibérément sous-estimée, mais la Caisse nationale de retraite (NPS), gros actionnaire de Samsung sous tutelle du ministère des Affaires sociales, avait donné son feu vert à l'opération.