C'est un scandale technologique qui secoue la justice danoise. Les autorités judiciaires ont découvert qu'il y avait de graves erreurs dans la localisation des téléphones portables dans les enquêtes. En conséquence, des personnes ont pu être poursuivies ou condamnées sur la foi de ces données téléphoniques alors qu'en réalité, elles ne se trouvaient pas à l'endroit des faits. Résultat : la justice danoise a dû carrément libérer des suspects et elle s'apprête à réexaminer plus de 10.000 dossiers sur les sept dernières années.
C'est en fait un double problème technique qui ébranle la confiance des Danois et qui entraîne un manque de fiabilité dans la géolocalisation des téléphones portables. Les mobiles sont des mouchards permanents. Les enquêteurs peuvent retracer ses déplacements et donc potentiellement ceux de son propriétaire. Mais au Danemark, d'un côté le logiciel de la police a mal converti les données transmises par les opérateurs. Et de l'autre, les antennes-relais danoises ont connu des ratés, en associant tel téléphone suspect avec la mauvaise antenne.
10.700 affaires réexaminées
Conséquence de ce double bug : il y a peut-être eu des nombreuses erreurs judiciaires, avec des personnes condamnées, notamment sur la foi de données téléphoniques faussées alors qu'en réalité, elles n'étaient pas du tout sur la scène de crime. Conséquence : la justice va réexaminer 10.700 affaires jugées depuis 2012, dans lesquelles le bornage du téléphone a joué un rôle.
Dans le doute, 29 suspects récemment arrêtés ont déjà été remis en liberté. Et en attendant d'y voir plus clair, le premier procureur danois vient de suspendre pour deux mois tout usage de données téléphoniques dans toutes les enquêtes en cours. C’est du jamais vu… et cela dépasse les frontières du Danemark. La Suède commence à s’interroger sur certaines enquêtes dans lesquelles les Danois lui ont fourni des données téléphoniques.
"Je voudrais rassurer vos auditeurs sur le bon fonctionnement du système français"
En en France ? A priori, ce genre de problème est beaucoup plus rare. "Je voudrais rassurer vos auditeurs sur le bon fonctionnement du système français", affirme Damien Martinelli, directeur de l'Antenj, qui supervise la plateforme nationale des interceptions judiciaires, interrogé par Europe 1. "Les garde-fous sont nombreux. La différence fondamentale, c’est qu’il n’y a pas de conversion dans le fonctionnement du système français. Donc vous écartez l’ensemble des risques liés aux traitements de données", poursuit-il, reconnaissant toutefois qu’il peut y avoir des erreurs de manière "tout à fait marginale".
Mais sur les 2,5 millions de demandes de données de connexion, "le taux de retour en termes de satisfaction et de fiabilité extrêmement élevé", assure Damien Martinelli.