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Geoffrey Branger / Crédit photo : AFP PHOTO / TELEGRAM ACCOUNT @GLAVAIGORKUTSAK , modifié à
Les troupes ukrainiennes mènent une offensive de grande ampleur depuis une semaine dans la région de Koursk en Russie. Kiev, qui dit vouloir protéger sa population avec cette incursion, met également la pression sur le Kremlin et espère un tournant majeur dans le conflit. 

C'est assez paradoxal, mais certains voient dans cette avancée ukrainienne dans la région de Koursk, en Russie, une perspective de paix. Depuis une semaine, l'armée de Kiev mène en territoire russe une offensive de grande ampleur et dit contrôler plus de 1.000km² et 74 localités au sein des frontières de son ennemi numéro 1. Des sources russes relayées par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW) et analysées mardi par l'AFP évoquent de leur côté le chiffre de 800km². 

Une offensive que la diplomatie ukrainienne juge légitime et qui ne prendra fin que si Moscou accepte "une paix juste" et met un terme à son invasion de l'Ukraine. Kiev met donc la pression sur le Kremlin et espère un tournant majeur dans le conflit. La stratégie ukrainienne ne serait donc pas d'annexer ces territoires, mais de disposer d'un axe de négociations important avec Moscou, avec un compromis acceptable pour toutes les parties. 

"Montrer qu'on a une capacité de combattre" 

"L'objectif, c'est se présenter en meilleure position de négociation, soit en ayant des territoires, soit en acculant les Russes à négocier et montrer qu'on a une capacité de combattre par rapport aux alliés au moment où les avions F-16 arrivent. Il faut aussi remonter l'espoir des Ukrainiens et de leur dire : 'ne lâchons pas, ce n'est pas le moment de baisser les bras'", analyse Eugène Berg, diplomate français et spécialiste de ce conflit. 

"Lorsqu’on est attaqué, et c’est le cas objectivement de l’Ukraine, on ne peut que très difficilement rester en permanence sur une posture strictement défensive. Si vous ne tentez pas d’obtenir à votre tour des gages, notamment des gages territoriaux, arrivés à la table des négociations", vous aurez moins de marge de manoeuvre, analyse de son côté, Frédéric Encel, géopolitologue et professeur à Sciences Po, au micro d'Europe 1. 

Et l'absence d’une riposte importante de Vladimir Poutine face à cette action militaire est pour Frédéric Encel, une preuve que le pari audacieux de Zelensky porte ses fruits. "Je pense que le Roi Russe est nu. Vladimir Poutine a plusieurs reprises, a menacé à chaque fois que les Ukrainiens obtenaient des succès ou obtenaient de nouvelles armes... Mais là, il n’y a pas de réaction nucléaire, même pas une pré-alerte, vous vous rendez compte de ce que ça veut dire ? C’est un aveu de faiblesse de la Russie de manière générale", estime-t-il.

Protéger ses citoyens

D'autant que c’est la première fois depuis 1945 qu’une puissance nucléaire est attaquée et qu’un morceau de son territoire est pris par une puissance non nucléaire.

Kiev explique également vouloir protéger sa population avec cette offensive. Depuis début juin, la Russie aurait effectué plus de 2.000 frappes depuis cette région de Koursk en direction de la région ukrainienne de Soumy. Enfin, cette incursion empêche également Moscou de déplacer des unités supplémentaires vers la région de Donetsk, où les troupes de Vladimir Poutine sont à l'offensive depuis de nombreux mois.