Séoul et Washington ont achevé jeudi le déploiement en Corée du Sud du bouclier antimissile américain visant à contrer la menace nord-coréenne, en dépit de violentes manifestations au Sud et des protestations diplomatiques de Pékin.
Quatre lance-missiles déployés. Quelque 8.000 policiers en tenue anti-émeutes avaient été mobilisés pour sécuriser le passage d'un convoi militaire américain acheminant quatre lance-missiles du Thaad (Terminal High-Altitude Area Defense) jusqu'à un parcours de golf du comté de Seongju (sud).
Une vingtaine de blessés dans une manifestation. Environ 400 manifestants s'étaient rassemblés à proximité pour tenter d'empêcher le passage du convoi, certains s'enchaînant entre eux, tandis que d'autres avaient formé des barricades avec des tracteurs et des camions. La police a fait exploser les pare-brise des véhicules qui bloquaient pour entrer à l'intérieur et les remorquer, alors que les manifestants opposaient une résistance déterminée, selon l'agence Yonhap qui a fait état d'une vingtaine de blessés.
Un bouclier dénoncé par Pékin. Le puissant radar du Thaad et deux lance-missiles avaient déjà été déployés, ce qui avait provoqué la colère de la Chine qui redoute que ce bouclier n'amoindrisse ses propres capacités militaires. Pékin, qui avait demandé le retrait du Thaad, avait également pris des mesures économiques de rétorsion contre la Corée du Sud. Jeudi, la Chine a annoncé avoir "protesté vigoureusement" auprès de Séoul.
"De nouveau, nous demandons à la Corée du Sud et aux Etats-Unis de prendre au sérieux les inquiétudes sécuritaires et les intérêts de la Chine (...), de cesser le déploiement en cours et de retirer tous les équipements en question", a déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Un déploiement "inévitable". Le déploiement du reste du dispositif avait été retardé par le nouveau président sud-coréen Moon Jae-In, qui invoquait des raisons environnementales. Les habitants du comté agricole de Seongju craignent les effets sur l'environnement et la santé de la proximité du Thaad et affirment que sa présence ferait de leur région une cible pour Pyongyang dans l'éventualité d'une guerre.
Mais le Premier ministre Lee Nak-Yon a déclaré jeudi que l'installation du Thaad était "une décision difficile mais inévitable" en raison des menaces balistique et nucléaire nord-coréennes de plus en plus fortes. Pyongyang, qui a tiré deux missiles balistiques intercontinentaux en juillet, a réalisé dimanche son sixième essai nucléaire.