Un million de Sud-Coréens, selon les organisateurs - 260.000 d'après la police - sont descendus samedi dans les rues de Séoul pour l'une des plus grandes manifestations antigouvernementales depuis des décennies, réclamant la démission de la présidente Park Geun-Hye empêtrée dans un retentissant scandale.
C'est la troisième d'une série de protestations hebdomadaires contre la présidente, qui se bat pour sa survie politique. Les autorités ont appelé au calme et 25.000 policiers ont été déployés dans la capitale, bloquant tous les accès la Maison Bleue, le siège de la présidence, dans un rayon d'un kilomètre.
Manipulée par une amie. Park Geun-Hye est accusée d'avoir été sous la coupe d'une sulfureuse conseillère de l'ombre, Choi Soon-Sil, qui aurait profité de son ascendant pour contraindre des groupes industriels nationaux, comme Samsung, à verser de larges sommes à des fondations douteuses, sommes qu'elle aurait ensuite utilisées à des fins personnelles.
La présidente a reconnu être responsable du scandale qui implique sa confidente et amie de 40 ans en ayant été, par amitié, "négligente" et insuffisamment vigilante. Mais l'opinion publique s'inquiète aussi de savoir si Choi Soon-Sil, arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir, s'est ingérée dans les affaires de l'État et a eu accès à des documents confidentiels alors qu'elle n'avait ni fonction officielle ni habilitation de sécurité.
Familles et amis. Comme lors des manifestations précédentes, la foule était extrêmement hétérogène, des lycéens côtoyant des retraités et de jeunes couples venus avec leurs enfants. "Park Geun-Hye doit démissionner, parce qu'elle n'a pas pris soin de notre pays", affirme Pak Ye-Na, un collégien âgé de 11 ans. Au son des tambours, les manifestants, qui portaient des bougies, scandaient des slogans réclamant le départ de la présidente et brandissaient des banderoles la tournant en dérision, mais l'atmosphère était généralement pacifique.
"Elle doit partir !". Dans une tentative d'apaiser la colère populaire, la présidente a présenté plusieurs fois des excuses, limogé de hauts responsables et a même accepté de renoncer à certaines de ses prérogatives, mais en vain. "Je suis ici pour demander la démission Park Geun-Hye. Ses excuses n'ont aucun sens. Elle doit partir !", s'exclame Cho Ki-Mang, 66 ans.
"Nous sentons le poids de la mauvaise humeur populaire", a admis vendredi le porte-parole présidentiel Jung Youn-Kuk. La manifestation de samedi est l'une des plus importantes en Corée du Sud depuis les grands rassemblements pro démocratie de la fin des années 80 et du début des années 90.