Sept personnes, dont cinq manifestants, ont été tuées samedi à Bagdad lors de la dispersion par les forces de sécurité de partisans d'un leader chiite qui réclamaient des réformes. Ces violences lors d'une manifestation sont les plus meurtrières depuis qu'a débuté en 2015 un mouvement de contestation réclamant de meilleurs services publics et accusant la classe politique de corruption et de népotisme. Ce mouvement a été interrompu en octobre lorsque les forces gouvernementales ont lancé une offensive massive pour reprendre au groupe djihadiste Etat islamique son bastion de Mossoul.
200 blessés, dont certains par les gaz lacrymogènes. "Les violences ont fait sept morts, dont deux membres des forces de l'ordre et cinq manifestants", a déclaré un colonel de la police, qui a également fait état de plus de 200 blessés. La grande majorité des blessés sont des manifestants ayant été asphyxiés par les gaz lacrymogènes mais au moins 11 souffrent de blessures plus graves, causées par les balles et les bombes lacrymogènes. Des milliers de manifestants, essentiellement des partisans du chef chiite Moqtada Sadr, s'étaient rassemblés place Tahrir, dans le centre de Bagdad, pour réclamer des réformes électorales avant un scrutin local prévu en septembre.
Bagdad : gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc contre des manifestantshttps://t.co/YRN7aMeQ4Fpic.twitter.com/iQg7ihpBud
— RT France (@RTenfrancais) 11 février 2017
Les manifestants tentent de se rendre dans la Zone verte. Après plusieurs discours, des manifestants ont tenté par la force de franchir un cordon policier sécurisant la voie principale conduisant à la Zone verte, un secteur ultra-sécurisé qui abrite les principales institutions de l'Etat, des ambassades et la commission électorale. "Les manifestants ont tenté de traverser le pont Joumhouriya, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour les stopper mais ils ont insisté", a affirmé un responsable de la police. Des correspondants de l'AFP ont vu plusieurs manifestants blessés et des images de la télévision ont montré au moins deux personnes qui semblaient grièvement atteintes à la tête. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a assuré qu'une enquête serait ouverte pour identifier et juger les responsables des violences.
Un irakien brandit son drapeau ensanglanté à la fin des manifestations de Bagdad, ce matin. Ça a dégénéré, il y a eu des morts... pic.twitter.com/PXNgiuzzZL
— Salem (@Ibn_Sayyid) 11 février 2017
Des réformes attendues par une figure de l'opposition. Moqtada Sadr, devenu populaire en se rebellant contre les Américains après l'invasion de l'Irak en 2003, lutte ces dernières années pour l'adoption de réformes. Avant la manifestation, il avait encouragé ses partisans à se rendre tout près de la Zone verte pour clamer haut et fort leurs revendications. Il avait néanmoins prévenu les manifestants de ne pas entrer de force dans la Zone verte, que ses partisans avaient envahie l'année dernière à deux reprises. Moqtada Sadr, descendant d'une influente famille religieuse, a appelé le Premier ministre Haider al-Abadi à répondre à ses revendications, et se "débarrasser des corrompus".
Tirs de roquettes sur la Zone verte
Des tirs de roquettes ont visé samedi soir la Zone verte de Bagdad, ont rapporté des responsables, quelques heures après la répression sanglante de la manifestation. "Plusieurs roquettes Katioucha lancées de Baladiyat et de la rue Palestine ont frappé la Zone verte", a indiqué le Commandement joint des opérations dans un communiqué, en référence à des secteurs dans le nord de la capitale. Un député contacté par l'AFP et qui vit dans la Zone verte a fait état d'au moins six roquettes, alors qu'un diplomate a parlé de quatre. Des responsables de la police et du ministère de l'Intérieur ont confirmé que plusieurs roquettes s'étaient abattues sur la zone ultra sécurisée, mais ne pouvaient pas indiquer pour l'heure ce qu'elles visaient exactement, si elles avaient fait des victimes et qui les avait tirées.