Le parquet serbe a annoncé samedi avoir demandé à la police de rassembler des preuves concernant des allégations de fraude lors des récentes élections, à la suite d'un tollé international concernant des irrégularités présumées. La Serbie a organisé des élections législatives et locales le 17 décembre, au cours desquelles le parti du président Aleksandar Vučić a déclaré avoir remporté une victoire écrasante.
Mais l'élection a suscité de nombreuses critiques après qu'une équipe d'observateurs internationaux - comprenant des représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) - a dénoncé une série d'"irrégularités", notamment "l'achat de voix" et "le bourrage des urnes". Des centaines de personnes ont manifesté quotidiennement devant la commission électorale serbe, plusieurs députés de l'opposition ont entamé une grève de la faim pour exiger l'annulation des résultats du vote et les condamnations internationales ont afflué.
Des cas de "corruption électorale" et d'"achat de voix"
L'Allemagne a qualifié les fraudes présumées d'"inacceptables" pour un pays qui espère rejoindre l'Union européenne, les États-Unis ont appelé Belgrade à répondre aux "inquiétudes" des observateurs électoraux, et l'UE a déclaré que "le processus électoral de la Serbie nécessite des améliorations tangibles et de nouvelles réformes". Samedi, le bureau du procureur serbe a déclaré qu'il avait demandé à la police d'enquêter sur plusieurs irrégularités présumées afin que les procureurs puissent déterminer s'il y avait suffisamment de preuves pour engager des poursuites officielles.
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De nombreux cas d'irrégularités présumées ont été signalés, notamment des cas de "corruption électorale" et d'"achat de voix", a indiqué le parquet de Belgrade dans un communiqué. "(Nous) avons joint un enregistrement vidéo de deux femmes parlant de la prétendue remise d'argent par un inconnu (pour les faire) voter", indique le communiqué. Parmi les autres irrégularités signalées figurent des bulletins de vote falsifiés trouvés dans les urnes de Belgrade, la capitale, a-t-il ajouté. Le parti de l'une des députés en grève de la faim, Marinika Tepić de "Serbie contre la violence", qui a cessé de s'alimenter depuis lundi, a déclaré que sa santé était "en danger" et qu'elle devait recevoir des perfusions quotidiennes.
"Malgré tout cela, elle n'abandonne pas et reste déterminée à se battre jusqu'au bout pour annuler les élections qui ont été brutalement volées", a déclaré le Parti de la Liberté et de la Justice de Tepić dans un communiqué. En dépit du torrent de critiques, le président serbe est resté inébranlable. Il a déclaré cette semaine qu'il "ne fait aucun doute que défendrons la volonté peuple".