Les dirigeants de l'Union européenne vont renouveler samedi à Rome leurs vœux de mariage, prononcés il y a 60 ans dans la ville éternelle, malgré le divorce d'un partenaire insatisfait, le Royaume-Uni. Pour leurs noces de diamant, les dirigeants de 27 États membres et des institutions de Bruxelles se retrouveront au Capitole, dans un palais de la Renaissance, là où fut signé le traité fondateur de l'Union le 25 mars 1957. Mais sans la Première ministre britannique Theresa May, qui a décidé de lancer la complexe procédure de séparation d'avec le bloc européen mercredi prochain.
"L'Europe est notre avenir commun". Il y a 60 ans, l'Allemagne, la France, l'Italie et les pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) s'engageaient à "établir les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens". Dans une déclaration solennelle, les 27 vont affirmer samedi que leur "Union est une et indivisible", en réponse explicite au Brexit, selon le projet de document final obtenu par l'AFP. "L'Europe est notre avenir commun", conclut la déclaration solennelle.
L'Europe "risque de mourir", s'inquiète le pape. C'est pourtant une Europe en pleine tempête qui célèbre son 60e anniversaire face aux vents de la discorde, du doute et de la défiance populaire. Elle "risque de mourir" si elle ne retrouve pas les idéaux des pères fondateurs, comme "la solidarité", a plaidé vendredi soir le pape François en recevant les dirigeants européens au Vatican. "L'Europe retrouve l'espérance dans la solidarité, qui est aussi le plus efficace antidote contre les populismes modernes", a souligné le pape argentin, en évoquant les migrants et les jeunes.
Trump félicite l'UE. Même l'administration du président américain Donald Trump, incarnation d'un populisme triomphant et chaud partisan du Brexit, a "félicité" l'Union européenne, à l'occasion de ses 60 ans, soulignant un engagement commun à promouvoir "la liberté, la démocratie et l'Etat de droit". Brexit, mais aussi vagues migratoires, marasme économique, attentats djihadistes et repli identitaire : conçue à six pour reconstruire l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, l'Union à 27 traverse la pire crise de son histoire.
Des divisions au sein de l'UE. "Rome doit marquer le début d'un nouveau chapitre" pour une "Europe unie à 27", a affirmé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Mais au-delà des vœux pieux, la "Déclaration de Rome" de samedi elle-même n'a pu échapper aux divisions qui opposent les Européens. La Grèce, sur le chapitre social, et la Pologne, sur l'idée d'Europe "à plusieurs vitesses" appuyée par Paris et Berlin, ont ainsi bataillé ces derniers jours pour modifier le document en leur faveur.
Toujours en proie à la crise et ferraillant avec l'Allemagne, la Grèce avait demandé à ses partenaires de l'UE et créanciers une meilleure protection des droits des travailleurs grecs, qu'elle juge affaiblis par des années de sévères réformes.