Le gouvernement affirme que le NTJ, un petit groupuscule islamiste, est à l'origine des attentats au Sri Lanka qui ont fait 310 morts, dimanche. "On ne sait pas grand chose" de ce mouvement, explique un chercheur sur Europe 1, lundi.
Plus de 24 heures après les attentats qui ont fait au moins 310 morts au Sri Lanka, difficile de savoir qui sont les auteurs de ces attaques meurtrières puisqu'aucune revendication n'a pour l'heure été formulée. Le gouvernement du Sri-Lanka a toutefois assuré lundi que le National Thowheeth Jama’ath (NTJ), un mouvement islamiste local, était à l'origine de ces attaques. "C'est un petit mouvement, qui a été signalé assez récemment finalement par rapport à d'éventuels actes de vandalisme de temples bouddhistes", explique Delon Madavan, géographe et chercheur associé au centre d'études sur l'Inde et l'Asie du Sud à Paris et Montréal lundi sur Europe 1.
Un mouvement dont "on ne sait pas grand chose"
Jusqu'ici, le principal fait d'armes du NTJ était d'être lié à la dégradation de statues bouddhistes en décembre dernier, un geste qui a scandalisé la majorité bouddhiste du pays. "On ne sait pas grand chose du NTJ, c'est ça le problème. Ce qui est étonnant c'est qu'un groupe, qui ne serait qu'un petit groupuscule, puisse réaliser un attentat de cette ampleur, en ville, organisé", s'étonne le chercheur. Passer de la lutte contre les moines bouddhistes radicaux à de spectaculaires attaques kamikazes constituerait en effet une montée en puissance soudaine pour ce groupe extrémiste peu connu.
Le NTJ était cependant dans le radar des autorités depuis une dizaine de jours. Il faisait notamment l'objet d'une alerte car il était suspecté de préparer des attaques contres des églises et l'ambassade d'Inde à Colombo. Cet avertissement était basé sur un signalement "d'une agence de renseignement étrangère".
Le NJT a-t-il eu une aide extérieure ?
Les autorités enquêtent également sur d'éventuels liens entre le NTJ et des groupes étrangers. Mais s'il y a eu une aide extérieure, "de qui ? Et pourquoi attaquer les chrétiens ?", s'interroge Delon Madavan. "Ça veut dire qu'ils ont quand même des soutiens qui doivent être très importants." Selon le chercheur, tout cela "reste encore très trouble". Il affirme que "les relations inter-religieuses sont plutôt saines" au Sri Lanka et qu'"il y a un bon vivre ensemble". "On n’est pas dans le cas de religions qui sont très opposées."
Pour le Soufan Center, un centre d'étude des menaces à la sécurité mondiale basé à New York, la planification et la coordination minutieuses des attaques au Sri Lanka présentent de fortes ressemblances avec "des attaques de groupes salafistes-djihadistes, particulièrement ceux où des groupes locaux ont reçu une aide étrangère". Le centre dresse ainsi des parallèles avec les attentats de la veille de Noël en 2000 en Indonésie, perpétrés par un mouvement extrémiste local en coordination avec al-Qaïda, ainsi que les attentats suicides de 2005 dans des hôtels de la capitale jordanienne Amman.