C'est une première dans l'histoire de la politique moderne de la Suède. Le Parlement suédois a rejeté mercredi la candidature du dirigeant du parti conservateur au poste de Premier ministre, plus de deux mois après des législatives qui n'ont pas permis de dégager de majorité. Par 195 voix à 154, les parlementaires ont voté contre Ulf Kristersson, qui espérait former un gouvernement ultra-minoritaire avec sa formation, les Modérés, et les Chrétiens-démocrates.
Trois candidatures encore possibles. Le président du Parlement, Andreas Norlén, peut encore proposer trois candidatures pour trouver une solution politique avant la convocation de nouvelles élections.
Ulf Kristersson est le chef de file de l'Alliance, une coalition de centre-droit réunissant quatre partis et qui a recueilli aux législatives du 9 septembre un mandat de moins que le bloc de centre-gauche sortant. Celui-ci est composé des sociaux-démocrates et des écologistes, au gouvernement entre 2014 et 2018 avec l'appui au Parlement du Parti de gauche (ex-communistes).
Difficile de former une coalition. Les deux camps ont depuis vainement tenté de former une coalition, refusant de s'allier avec le parti d'extrême droite Les Démocrates de Suède, troisième formation du pays avec 17,6% des suffrages.
Ulf Kristersson avait déjà échoué le 14 octobre à l'issue de négociations informelles, tout comme le Premier ministre sortant, Stefan Löfven, le 29 octobre. Minoritaires, la plupart des partis de droite comme de gauche se sont jusqu'ici refusés à s'allier avec le parti d'extrême droite, aux racines néonazies, et qui a pourtant voté pour Ulf Kristersson mercredi.
"Une occasion ratée". Deux formations de l'Alliance, le Centre et les Libéraux, ont eux voté contre, au motif justement qu'ils ne veulent pas devenir dépendants des Démocrates de Suède. "Le vote aujourd'hui (mercredi) ne consiste pas à empêcher Ulf Kristersson de devenir Premier ministre mais à priver les Démocrates de Suède d'une influence", a justifié la dirigeante centriste Annie Lööf. Ulf Kristersson, 54 ans, a regretté "une occasion ratée". La division de l'Alliance "est la plus grave crise (…) que j'ai connue dans ma vie politique", a-t-il ajouté. Selon les médias suédois, le Premier ministre social-démocrate sortant Stefan Löfven ou Annie Lööf pourraient reprendre l'initiative.