L'enquête sur le spectaculaire suicide en direct d'un accusé du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye, le Croate de Bosnie Slobodan Praljak, était suspendue vendredi à une autopsie que la justice néerlandaise voulait rapide.
Examen toxicologique. Cette autopsie est traitée comme la "plus haute priorité" pour les enquêteurs néerlandais, a déclaré jeudi Frans Zonneveld, porte-parole du parquet de La Haye. "Un examen toxicologique du corps" de l'accusé de 72 ans sera également réalisé "à court terme", a ajouté Marilyn Fikenscher, procureure au parquet de La Haye.
Mais déjà, un test provisoire a révélé la présence d'une "substance chimique qui peut entraîner la mort" dans la fiole que Praljak a sorti de sa poche avant d'en boire le contenu d'une seule gorgée. Il est ensuite décédé dans un hôpital de La Haye.
Un suicide spectaculaire. Avant de commettre cet acte, il avait reçu la confirmation de sa condamnation à 20 ans de prison pour crimes de guerre dans le cadre du procès en appel contre six anciens dirigeants et chefs militaires des Croates de Bosnie pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité durant le conflit croato-musulman (1993-1994) survenu dans le cadre de la guerre en Bosnie-Herzégovine (1992-1995).
Debout, face à ses juges, il avait déclaré d'une voix forte, en parlant de lui à la troisième personne : "Slobodan Praljak n'est pas un criminel de guerre, je rejette avec mépris votre verdict", puis avait avalé le contenu de sa fiole.
Comment a-t-il obtenu cette fiole ? L'enquête cherche à déterminer comment Slobodan Praljak a pu se procurer et introduire dans le tribunal une fiole d'un vraisemblable poison qu'il a ingéré en face de ses juges. Jugée "exceptionnelle" concernant "quelque chose d'inédit", elle "s'oriente sur l'aide au suicide et la violation" de la réglementation sur les substances médicales, avait indiqué mercredi soir le parquet.
À l'heure actuelle, on ignore comment l'accusé a pu se retrouver en possession de cette fiole contenant un liquide marron. Se l'est-il procurée au centre de détention situé dans le quartier de Scheveningen, à La Haye, un ensemble de bâtiments pourtant hautement surveillés ? Ou bien l'a-t-il obtenue dans l'enceinte du tribunal ?
Un condamné âgé et malade. Selon le quotidien néerlandais de référence NRC, "beaucoup de suspects sont, exactement comme Praljak, d'un âge avancé et souffrant de toutes sortes de maux et de maladies. Ils sont donc souvent sous surveillance médicale" de leur médecin personnel. "Qu'il ait pris avec lui ses médicaments aux audiences n'est pas non plus inhabituel", poursuit le journal.