Près de 300 familles de combattants du groupe Etat islamique (EI) ont quitté depuis vendredi la ville de Raqqa d'après une ONG, alors que se prépare l'assaut sur le principal fief de l'organisation en Syrie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ces familles se sont "réfugiées dans les provinces de Deir Ezzor, plus à l'est, et Hama, plus à l'ouest".
Une fuite à travers le fleuve Euphrate. Des combattants kurdes et arabes appuyés par Washington ont lancé en novembre une offensive pour prendre Raqqa et sont parvenues ces dernières semaines à couper les principaux axes de communication de la ville avec l'extérieur, ouvrant la voie à l'assaut final. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ne sont désormais plus qu'à 8 km au nord-est de Raqqa. Mais si les grands axes routiers à l'est, au nord et à l'ouest de la ville ont été coupés, son flanc sud, qui donne sur le fleuve Euphrate, reste ouvert pour les djihadistes. "Les familles des djihadistes sont parvenues à traverser le fleuve à bord d'embarcations et à fuir" par le sud, explique Rami Abdel Rahmane. De là, ils ont rejoint soit la province de Deir Ezzor (est), qu'ils contrôlent quasi totalement, soit celle de Hama (centre), où ils sont présents dans la partie orientale.
Raqqa désertée par les djihadistes. Les militaires américains estiment toutefois que la capitale de facto de l'EI en Syrie est désormais largement isolée du reste des territoires djihadistes. Selon le renseignement américain, des dirigeants de l'EI ont commencé à quitter Raqqa pour des endroits plus sûrs. En prévision de l'assaut sur Raqqa, l'administration de Donald Trump a annoncé jeudi l'envoi de 400 militaires supplémentaires en Syrie et déployé une batterie d'artillerie des Marines pour appuyer l'offensive. Ces 400 militaires s'ajoutent aux 500 militaires qui étaient déjà sur place mais cantonnés jusqu'alors dans un rôle de conseil des FDS. Les canons déployés vont désormais permettre aux soldats américains d'appuyer directement l'offensive.
Cette situation déplaît fortement à la Turquie, qui s'oppose à ce que la reprise de Raqqa soit confiée aux FDS, considérées par Ankara comme un paravent pour les milices kurdes YPG, une organisation "terroriste" selon elle. Raqqa est l'objet de convoitises de forces rivales: outre les FDS, les rebelles syriens appuyés par Ankara et l'armée syrienne soutenue par Moscou aspirent à conquérir la ville.