Quelque 800 femmes et enfants Syriens vont quitter le camp de déplacés d'Al-Hol, qui accueille dans le nord-est de la Syrie des familles du groupe État islamique (EI) notamment, a annoncé dimanche un responsable des autorités semi-autonomes kurdes.
Cette initiative, qui doit débuter lundi, est la première du genre pour le camp d'Al-Hol, où s'entassent près de 74.000 personnes selon l'ONU. Plus de 30.000 Syriens y sont installés, principalement des femmes et des enfants, et à terme l'objectif est de les faire tous sortir, selon Abd al-Mehbache, haut responsable de l'administration kurde.
Une initiative qui concerne notamment des proches de djihadistes
Après avoir proclamé leur victoire en mars face au "califat" de l'EI en Syrie, les autorités kurdes soutenues par Washington sont toujours confrontées à des défis de taille, notamment la situation difficile dans les camps surpeuplés du nord-est syrien. "Lundi, environ 800 personnes, des enfants et des femmes, vont sortir (d'Al-Hol) pour être conduits auprès de leurs familles", a souligné Abd al-Mehbache.
L'initiative sans précédent concerne notamment des proches de djihadistes. Elle se fait à la demande - et avec les garanties - de chefs tribaux et de figures locales, selon le responsable. "Le comportement des femmes sera surveillé s'il s'agit de personnes faisant partie d'anciennes familles de l'EI", a-t-il ajouté, précisant toutefois qu'il y a aussi parmi les personnes devant sortir du camp des civils ayant fui les combats, sans aucun lien avec les djihadistes. "C'est le devoir de notre administration envers notre peuple d'avoir un rôle dans la rééducation de ces enfants et de ces femmes, et dans leur réinsertion dans la société", a précisé le responsable.
"Nos sœurs, nos mères"
Les départs de lundi concernent les familles originaires de la région de Tabqa mais aussi de Raqqa, ex-"capitale" de facto des djihadistes dans le nord syrien. "Ce sont nos sœurs et nos mères", lance avec empathie Ali Mahamid al-Ali, un chef tribal originaire de Raqqa. "Les figures des tribus se sont réunies pour les faire sortir des camps et les renvoyer vers leurs familles", ajoute-t-il.
Ces opérations devraient se poursuivre après la fête de la fin du ramadan prévue dans les prochains jours, a indiqué Abd al-Mehbache. "Nous allons poursuivre ce dossier jusqu'à la sortie de toutes les femmes et les enfants du camp d'Al-Hol", a-t-il assuré.
La population du camp a explosé en plusieurs mois
Les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont proclamé le 23 mars la défaite du "califat" de l'EI, après avoir conquis l'ultime fief des djihadistes dans l'est syrien, au terme d'une offensive soutenue par une coalition internationale emmenée par Washington. Tout au long de l'assaut contre l'ultime réduit de Baghouz, les femmes et les enfants de djihadistes, mais aussi les civils évacués du secteur, étaient envoyés principalement dans le camp d'Al-Hol, qui a vu sa population exploser en quelques mois.
À maintes reprises les autorités kurdes ont tiré la sonnette d'alarme concernant la situation à Al-Hol, réclamant plus d'aide internationale. Les ONG ont dénoncé les conditions difficiles -malnutrition aiguë chez les enfants, manque de soins médicaux.
La France, réticente sur le dossier des rapatriements de familles de djihadistes
Début mars, près de 300 Syriens accusés d'appartenance à l'EI avaient été libérés, également après une requête de chefs tribaux et de figures locales. Par ailleurs, les camps accueillent 12.000 étrangers -4.000 femmes et 8.000 enfants de djihadistes parqués sous haute surveillance. À Al-Hol, ces familles de djihadistes étrangers se trouvent dans un carré séparé du reste du camp. Les autorités kurdes continuent de réclamer le rapatriement des femmes et des enfants de pays étrangers. Mais les pays occidentaux, France et Grande-Bretagne en tête, se montrent réticents sur ce dossier.