Syrie : à quoi sert la résolution de l'ONU ?

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Les grandes puissances ont ouvert samedi la voie à un cessez-le-feu et à de véritables négociations pour mettre fin à la guerre en Syrie. © TIMOTHY A. CLARY / AFP
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avec AFP et Géraldine Woessner , modifié à
Pour la première fois en près de cinq ans, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté à l'unanimité une feuille de route sur la Syrie.

C'est une note d'espoir, mais qui ne règle rien au conflit syrien. Pour la première fois en près de cinq ans de conflit, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont adopté à l'unanimité, y compris la Russie, une résolution qui établit une feuille de route pour une solution politique en Syrie. Europe 1 vous explique pourquoi il s'agit d'un essai encore loin d'être transformé.

Ce que prévoit la feuille de route. Du côté des avancées, les grands de ce monde se sont mis d'accord sur un calendrier de négociations opposition-régime et sur le principe d'un cessez-le-feu. Les grandes puissances veulent essayer d'aller vite avec l'objectif de lancer les discussions "au début janvier 2016" et de les faire coïncider avec un cessez-le-feu sous l'égide de l'ONU sur l'ensemble du territoire syrien. Le texte prévoit également la mise en place d'un gouvernement de transition dans les six mois, et des élections dans les 18 mois.

"Nous espérons (..) être capable de le faire en janvier", a précisé prudemment le médiateur de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, se voulant "réaliste" sur la complexité du processus. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est également dit "sans illusions" sur la difficulté de la tâche.

Que faire de Bachar Al-Assad ? Si la prudence perdure, c'est parce que cet accord ne résout absolument rien des principals points de divergences. La première d'entre-elle concerne l'avenir du président Bachar al-Assad. Les occidentaux, à commencer par la France, demandent son départ. Les forces d'oppositions au régime en font même une condition de la reprise des négociations. Mais pour la Russie, si départ il doit y avoir, cela ne pourra se faire que par un vote du peuple syrien.

 

LOUAI BESHARA / AFP

 

"Compte tenu de la réalité sur le terrain et de l'impasse faite sur le sort de Bachar al-Assad, l'accord n'est absolument pas applicable", a réagi samedi Samir Nachar, un membre de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l'opposition en exil.

Avec qui faut-il discuter ? Le deuxième point de blocage concerne les interlocuteurs à prendre en compte dans les discussions. Si tout le monde est d'accord pout exclure Daech et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, les blocages perdure pour les autres groupes rebelles. Les "modérés" se font de plus en plus rares. Plusieurs groupes que soutient la France prône la sharia. La France considère également comme "modéré" un groupe lié aux attentats dans le métro de Moscou en 2004, ce qui fait hurler la Russie.

"Ce qui fait la paix, ce sont les faits". "On a mis de coté les querelles mais sur le fond rien n’est réglé", résume un diplomate. Selon Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français de relations internationales, la résolution "est un premier pas très significatif mais de nombreuses ambiguïtés et arrière-pensées demeurent". "Autant Russes et Américains semblent prêts à parvenir à un modus vivendi, autant les puissances régionales sunnites continuent de craindre que ce pragmatisme ne pérennise le statu quo et permette le maintien d'Assad sur une trop longue période de transition", explique-t-il. "Ce qui fait la paix, ce sont les faits. Ne rêvons pas de trop de documents et de belles phrases", conclut auprès de l'AFP Michel Kilo, un opposant historique. En attendant, sur le terrain, les combats continuent de faire rage, et ont déjà 250.000 morts, selon l'Observatoire syrien des Droits de l'Homme.