Raqqa, capitale de la terreur, est aujourd'hui celle du silence et des ruines. Dans le centre-ville, ne tiennent debout que des squelettes d'immeubles et des moignons de bâtiments officiels. Autour de la place où les djihadistes décapitaient en public, les toits des maisons ont atterri au rez-de-chaussée sous l'effet de l'artillerie et des frappes aériennes.
"C'est à pleurer". Ahmed est sidéré. Ce combattant a grandi à Raqqa, et s'il a beau faire partie des forces qui ont repris la ville, la libération est amère. "La tristesse de voir la ville aussi détruite surpasse le bonheur d'être enfin libérés, d'en avoir terminé avec Daech. Ça faisait 20 ans que je vivais à Raqqa. Cette ville, c'est toute ma vie. Ma maison est à terre, dans un quartier complètement détruit. Avant, des gens de toute la Syrie venait dans cette ville. C'est à pleurer de la voir détruite à ce point", confie-t-il.
Des mines "absolument partout en ville". Comme tous les civils, la famille d'Ahmed a l'interdiction de revenir à Raqqa pour l'instant. La ville est bouclée, car sous les décombres se cache un champ de mines. Mataï, un combattant chrétien, le sait bien, car elles ont déjà tué plusieurs hommes de son unité. "Les mines sont absolument partout en ville. Dans chaque maison, dans chaque rue, dans chaque recoin, dans chaque chambre. Les djihadistes savent qu'ils sont finis, alors ils essaient de nous atteindre comme ils peuvent", avance-t-il. "L'Etat islamique est un serpent, Mossoul était sa tête, Raqqa était son dos. Maintenant que nous avons coupé les organes vitaux, c'est le dernier souffle de Daech ici. On doit terminer le travail et tuer tous les djihadistes, car nous devons construire notre futur", insiste le combattant.
Selon Mataï, il reste encore des djihadistes cachés dans la ville. Depuis l'annonce de la libération, les soldats en ont débusqué plus d'une vingtaine.