Après le raid aérien en Syrie qui a fait au moins 72 morts mardi, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté mardi un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'Onu, condamnant cette attaque et appelant à une enquête complète et rapide. Une réunion d'urgence a été convoquée mercredi, mais "la Russie et la Chine vont probablement poser leur veto à toute résolution de la part des Occidentaux, comme cela s'est déjà produit à de nombreuses reprises tout au long du conflit depuis 2011", analyse le géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient, Frédéric Pichon, dans Europe Midi.
Un incident qui renverse la situation. "J'ai vu les chancelleries s'engouffrer avec beaucoup d'empressement dans un narratif qui accusait l'utilisation par Assad d'agents chimiques (...). Avec l'élection de Trump les Etats-Unis convergent sur un narratif russe qui est que Bachar Al-assad peut et doit rester au pouvoir. Donald Trump l'avait rappelé la semaine précédente. Depuis la chute d'Alep le régime avait le vent en poupe, et cet incident renverse totalement la situation, Assad redevient le paria de la communauté internationale, repart un peu à zéro en quelque sorte. On a l'impression que ça fait six ans que ça dure et qu'on ne sortira pas de cette opposition entre Occidentaux et Russes/Chinois de l'autre", décrypte le spécialiste.
"Il y a toujours la même question de savoir qui on met à la place d'Assad ou, en tout cas, du système politico-militaire en Syrie en cas d'éviction d'Assad. Ce sont toujours les mêmes problèmes qui se posent et ça fait six ans que ça dure", a conclu l'auteur de Syrie : une guerre pour rien, et Syrie : pourquoi l’Occident s’est trompé.