Les chefs de la diplomatie de l'Union européenne (UE), réunis à Luxembourg, ont estimé que le président syrien Bachar al-Assad ne pouvait rester au pouvoir à l'issue de la transition politique qu'ils appellent de leurs vœux.
"Les Syriens devront décider". Il faut "une transition politique digne de ce nom et à la fin du processus politique, lorsqu'il s'agira de bâtir la Syrie de l'avenir (...) la France n'imagine pas un seul instant que cette Syrie puisse être dirigée par Assad tant il a une responsabilité dans la situation actuelle, plus de 300.000 morts, les prisonniers, les torturés, un pays détruit, je crois que c'est une question de sens des responsabilités", a martelé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, lors de la réunion mensuelle des 28. Son homologue allemand Sigmar Gabriel a expliqué, lui, que "nous avons toujours dit que les Syriens devront décider qui sera leur président, quel gouvernement ils auront, et que cela n'a pas de sens de régler la question d'Assad au début car cela mènerait à une impasse".
Son départ n'est plus "une priorité" pour Washington. Le ministre allemand a également rappelé que les Etats-Unis avaient désormais "une position plus réaliste que par le passé", avant de prévenir qu'une chose ne passera pas : "Qu'un dictateur qui a commis d'horribles crimes dans la région reste en place impunément" au nom "d'une focalisation sur la lutte contre (le groupe djihadiste) EI. Ceci ne peut être la position de l'Europe". Jeudi dernier, l'administration Trump avait reconnu ne plus faire du départ du Lion de Damas une "priorité" afin de chercher une nouvelle stratégie dans le règlement du conflit en Syrie qui dure depuis six ans. L'ambassadrice des Etats-Unis, Nikki Haley, avait d'ailleurs indiqué vouloir travailler avec la Turquie et la Russie pour trouver une solution politique à long terme plutôt que de se focaliser sur le sort du président syrien. Plusieurs pays de l'UE craignent en effet que Washington soit tellement obnubilé par le combat contre le groupe djihadiste qu'il en perde de vue la transition négociée sous l'égide de l'ONU à Genève.
Respecter le cessez-le-feu d'Astana. A la veille d'une conférence internationale sur l'aide humanitaire et la reconstruction de la Syrie à Bruxelles, les 28 appellent "instamment toutes les parties à respecter le cessez-le-feu" conclu à Astana, tout en invitant "la Russie, la Turquie et l'Iran à se montrer à la hauteur des engagements qu'ils ont pris en tant que garants de ce cessez-le-feu, pour en assurer la mise en oeuvre intégrale", selon les conclusions adoptées à Luxembourg lundi.